16 ~ Nuit glaciale

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– Les cachots, sérieusement ?

Le caporal Livaï, qui me maintient fermement par le biceps, me jette sans ménagement sur le sol dur et froid d'une cellule. Je roule sur moi-même avant de percuter le mur au fond de la pièce. Je lâche un long soupir et reste allongée sur la pierre froide, résignée, tandis que j'entends la porte de la cellule se fermer.

Je tourne la tête sur le côté et observe le gnome. Il est appuyé contre la grille de la cellule, ses mains agrippées aux barreaux, et me toise avec indifférence, la tête légèrement penchée sur le côté.

– Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de toi ? soupire-t-il.

– Me faire sortir de cette cellule ? suggéré-je.

Un rictus prend place au coin de ses lèvres. Je me décide enfin à me redresser et m'assieds dos au mur. Je ramène un genou contre moi et appuie ma tête dessus. Je soutiens le regard d'acier du caporal sans ciller.

– Je pense qu'un jour ou deux au trou ça devrait te remettre les idées en place.

Quoi ? Ai-je bien entendu ? Je m'étrangle et me remets sur mes pieds d'un bond. Je fonds sur la grille et m'accroche aux barreaux.

– Un jour ou deux ? Mais je vais finir congelée ! Il fait au moins -8000 dans cette cellule.

– Au moins ça te rafraichira les idées, ricane-t-il.

Je serre les dents et le fusille du regard. Je tends un bras entre les barreaux de ma cellule et tente de l'attraper par le col de sa chemise. Il m'esquive sans peine et attrape mon bras avant de le tordre grâce aux barreaux. Je ne peux réprimer un cri et chute sur mes genoux. Je pose ma main droite sur mon bras gauche, maintenu fermement par le gnome, et le supplie du regard. Des larmes perlent au coin de mes yeux tant il me fait mal.

– Et si je te cassais le bras, petite insolente ? Peut-être que tu apprendrais enfin à te soumettre.

Mes yeux se révulsent et je tente de reculer et de m'extirper de son emprise, en vain étant donné la force qu'il possède. Il tire un peu plus sur mon bras, augmentant ma peine, et je finis par m'immobiliser.

– Qu'en dis-tu, Rose ? Il me suffirait de pousser un peu plus ton bras vers l'arrière pour désarticuler ton coude.

Je fronce les sourcils et me remets difficilement sur mes pieds étant donné l'angle douteux dans lequel est maintenu mon bras gauche.

– Vous connaissez mon nom ? m'étonné-je.

– Si tu savais le nombre de fois que ton nom est apparu dans les rapports de Shardiz ... Tout le monde sait qui tu es.

Je blêmis à ses paroles et enfonce ma tête dans mes épaules, souhaitant disparaitre six pieds sous terre. Je baisse la tête vers mes pieds, honteuse, tandis que le caporal poursuit :

– Se bat avec un camarade dès le premier jour, ne respecte pas le couvre-feu, rompt le salut militaire, sème le trouble pendant les repas, organise une fête clandestine, couche avec un de ses camarades dans les écuries, ... Tu veux que je poursuive ?

Je sais que j'ai merdé plus d'une fois, mais j'ignorais que Shardiz faisait un rapport à chaque petit incident. Heureusement que Kenny n'a pas accès à la liste détaillée de mes méfaits, sinon je serais déjà morte et enterrée à l'heure qu'il est.

Je reprends un peu d'assurance et décide de ne pas me laisser intimider une fois de plus par le caporal demi-portion. Je relève la tête et ancre mes doux yeux bleus aux siens, froids et inexpressifs. Un sourire niais prend place sur mes lèvres et je sais que je m'apprête encore à faire une bêtise.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant