Tous les muscles de mon corps sont contractés à l'idée d'utiliser à nouveau mon équipement tridimensionnel. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine tant j'appréhende cette première escapade en forêt depuis mon accident. Ça fait bien deux longs mois que je suis clouée au sol, et la perspective de voler à nouveau me provoque des bouffées de chaleur. Mes mains moites se crispent sur les poignées permettant de contrôler le lancement des câbles.
J'ignore pourquoi je stresse autant. J'ai toujours été plutôt douée dans l'utilisation du dispositif tridimensionnel, et j'apprécie cette sensation d'aussi loin que je m'en souvienne. Peut-être ai-je l'estomac noué à l'idée de me rétamer devant le caporal Livaï. Non, je ne dois pas être aussi pessimiste. J'excelle dans ce domaine, alors je ne vois pas pourquoi ça se passerait mal.
– Bon tu te lances ? s'impatiente Livaï. On n'a pas que ça à faire de la journée.
Je rentre ma tête dans mes épaules et n'ose me retourner par peur de croiser son regard de glace. Il doit probablement me toiser avec dédain comme il le fait toujours, et j'ai bien trop peur de déceler de la déception dans son regard.
Malgré toute ma bonne volonté, je n'ose pas me lancer. Je ne sais pas très bien de quoi j'ai peur, mais cette peur me tord violemment les entrailles et me paralyse sur place. Je reste encore plantée là comme une abrutie pendant de longues minutes avant d'entendre les pas du caporal crisser sur l'herbe dans mon dos. Je me fige lorsque sa main se pose délicatement sur mon épaule et garde mon regard braqué sur mes pieds, n'osant croiser ses orbes d'acier.
Je tente du mieux que je peux de maitriser mon corps et les tremblements dont il est victime. Mais quelle abrutie je suis de rester les bras pantelants devant cette forêt qui s'offre à moi alors qu'il y a à peine un mois j'aurais vendu mon autre jambe pour avoir ne serait-ce que la possibilité de voler à nouveau. Je me sens terriblement stupide et serre mes doigts autour des poignées de contrôle de mon équipement.
Je tressaille lorsque je sens les doigts fins du caporal se poser sur mon menton. Avec une délicatesse que je ne lui connais pas, il me force à redresser la tête et à croiser ses yeux gris. Je m'attendais à voir des reproches ou encore du dédain dans son regard, mais rien de tout ça n'y figure. Non, au lieu de ça, j'ai l'impression qu'il est conciliant et qu'il comprend ce que je ressens. A quel moment le caporal Livaï est-il devenu humain au juste ?
– De quoi as-tu si peur ? demande-t-il doucement. Je suis là, il ne peut rien t'arriver.
Etrangement, ses paroles me réchauffent le cœur et mes joues prennent une légère teinte rosée. De quoi ai-je peur ? Je n'en ai aucune idée. Il n'y a aucune raison d'avoir peur puisque j'ai déjà fait ça des centaines de fois et, de plus, le caporal Livaï est là pour veiller sur moi et m'empêcher de m'éclater au sol comme une abrutie.
– Honnêtement je n'en sais rien, soufflé-je, mais je suis incapable de bouger.
– T'as déjà fait ça plein de fois, alors sors-toi les doigts du cul et lance-toi.
Avant que j'aie le temps de réagir, le caporal Livaï saisit ma main droite et presse la détente de ma poignée de contrôle. Mon câble part se ficher dans un arbre voisin sous mes yeux médusés, et mes muscles restent toujours paralysés par je ne sais quoi. Livaï presse la seconde détente de mon équipement, libérant mon gaz et me propulsant dans les airs. Je pousse un cri aigu, surprise, avant de me ressaisir et d'envoyer mon second câble dans un tronc voisin, évitant de justesse le premier arbre. Je m'arrime solidement à mon arbre et lance un regard meurtrier au caporal Livaï.
– Mais vous êtes malade ? m'emporté-je. Vous voulez ma mort ou quoi ?
Livaï se pose juste en face de moi, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, et je peux discerner le rictus moqueur sur son visage s'agrandir à mesure que je m'énerve. Si mes mains n'étaient pas si tremblantes suite à cette soudaine frayeur, je lui aurais probablement collé une gifle. Mon regard meurtrier semble l'amuser plus qu'autre chose, pourtant je ne faiblis pas et continue de le fusiller.
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A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022
FanficRose Stark, alors âgée de dix-neuf ans, est chargée par Kenny Ackerman d'infiltrer l'armée pour le compte d'un mystérieux employeur. Sa mission : Sympathiser avec Eren Jäger et récolter des informations sur lui, et plus particulièrement sur un mysté...