6 ~ Caporal demi-portion

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Je déglutis difficilement. A-t-il entendu ce que je viens de dire ? Mais bien sûr qu'il a entendu ! Il veut simplement me mettre dos au mur et me faire reconnaitre mon erreur. Je me remue les méninges, à la recherche d'un mensonge, et sors la première chose qui me vient en tête :

– Oh rien, je disais juste que j'aimais bien le potiron.

Le rouge me monte aux joues et j'ai envie de fracasser ma tête contre un mur tant cette réponse est stupide. J'entends Jean étouffer un fou rire dans mon dos et je déglutis difficilement. Je m'attendais à ce que le caporal m'engueule et me dénigre publiquement, mais son silence et son regard méprisant sont bien plus humiliants.

Il me toise longuement de son regard glacial avant de me tourner le dos. Je souffle, soulagée, et m'apprête à reprendre mes corvées lorsque mon seau d'eau glacée se déverse dans mon dos. Je me crispe et pousse un cri aigu avant de me retourner pour voir l'étendue des dégâts. Mes yeux se posent sur le caporal Livaï qui me fixe avec le même air indifférent. Mes yeux font plusieurs fois l'aller-retour entre le seau renversé et le caporal, je fronce les sourcils en comprenant ce qui s'est passé.

– C'est vous qui avez fait ça ? demandé-je incrédule.

Il hausse les épaules et esquisse un rictus avant de me tourner le dos et de repartir vers les autres soldats haut gradés. Je n'en reviens pas, mais quel enfoiré celui-là ! Je le fixe haineusement s'éloigner et serre les poings. Il va me le payer !

– Non mais ça va pas ? C'est quoi votre problème ?

Je me remets sur mes pieds et me lance à sa poursuite. Il ne répond pas et continue d'avancer comme si je n'existais pas. Mon sang bouillonne dans mes veines, je déteste être ignorée et méprisée de la sorte. Mais pour qui se prend-il ? Prise d'un élan de courage, je lui envoie mon poing droit en pleine figure, du moins c'est ce que j'aurais voulu faire. Il se baisse in extremis pour éviter mon coup, il attrape mon bras et utilise sa force pour me faire passer par-dessus son épaule. Mon dos percute violemment le sol en pierre et j'ai le souffle coupé. Au-dessus de moi, le caporal Livaï me dévisage toujours de son air indifférent.

– Eh bien, on dirait que cette petite a de l'énergie à revendre malgré sa petite sauterie d'hier.

Mes joues virent au rouge et j'entends quelques rires fuser dans le hall. Je me remets sur mes pieds, un peu trop rapidement puisque je suis prise d'un vertige, et serre à nouveau les poings.

– Petite ? C'est culotté venant du caporal mètre soixante.

Les rires ont cessé et un silence pesant a envahi le hall. Je sens que je tremble de rage, et j'ai bien envie d'en coller une à ce gnome qui me prend de haut malgré sa petite taille. Nous nous adonnons à une bataille de regards à travers laquelle j'essaie de lui transmettre toute ma haine.

– Stark !

Je lâche Livaï du regard et me tourne vers Shardiz qui se dirige vers moi telle une furie. Inconsciemment, je me tasse sur moi-même et prie pour disparaitre six pieds sous terre. Il arrive à ma hauteur et j'ai un mouvement de recul, de peur qu'il me frappe.

– Tu crois que tu n'en as pas assez fait hier soir ? Qu'est-ce que je dois faire pour que tu apprennes le respect ? Une semaine au trou ça devrait te ...

Il s'interrompt lorsque Livaï pose une main sur son épaule, l'incitant au silence.

– Laisse-moi faire, je vais lui apprendre à respecter ses supérieurs.

Shardiz semble hésiter un instant avant de se résigner et d'accepter. Je crois discerner un sourire sur le visage de Livaï et je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il va faire, le gnome ? Quoi qu'il fasse, ça ne peut pas être pire qu'une semaine aux cachots. Le caporal tend un bras vers la porte et claque des doigts tandis que je hausse un sourcil.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant