76 ~ Baiser volé

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Un grand bal a été organisé en l'honneur d'Historia et de son couronnement, c'est d'ailleurs pour cette raison que Livaï est revenu me chercher dans cette cellule miteuse. Je suis plus qu'étonnée d'y être conviée suite aux récents évènements. J'ai tout de même livré Eren à Kenny, lui donnant ainsi toutes les cartes pour mettre à bien le sinistre plan de Rhodes Reiss. Il faut croire qu'Historia ne m'en veut pas, ou que ce n'est pas elle qui a choisi la liste des invités.

L'image que me renvoie mon miroir me coupe littéralement le souffle. J'ignore qui a choisi cette tenue, mais cette longue robe rouge épouse parfaitement les maigres courbes de mon corps. La robe traine presque par terre tant elle est longue, ce qui me soulage puisqu'elle dissimule ainsi parfaitement ma prothèse. Pour une fois, je pourrai presque me fondre dans la masse. Presque. Malheureusement, les cicatrices sur mon visage et sur mes mains sont toujours là pour m'empêcher de passer inaperçue.

Je baisse le regard vers mes mains et contemple avec tristesse leur fine peau striée de cicatrices. Quelle abrutie j'ai été. Comment ai-je pu croire un seul instant que j'arriverai seule à bout du titan colossal ? C'était une décision stupide de ma part, et je ne peux que m'en mordre les doigts. J'ai au moins la chance d'être encore en vie, mais à quel prix ? Je suis maintenant défigurée et handicapée.

– Rose, tu es magnifique.

Je sursaute lorsqu'une voix résonne dans mon dos. D'un geste précipité, j'essuie le coin de mes yeux, devenus étrangement humides, avant de me retourner vers Gaïa et de lui lancer un sourire chaleureux. D'aussi loin que je m'en souvienne, je ne l'ai jamais vue aussi resplendissante. Elle porte une petite robe bleu azur, de la même couleur que ses yeux, qui s'arrête jute au-dessus de ses genoux, dévoilant ainsi ses longues jambes. Elle vient d'avoir dix-sept, c'est une femme à présent et je ne l'ai même pas vue grandir. Je ressens un léger pincement au cœur lorsque je remarque qu'elle porte des talons. Moi aussi, j'aurais bien aimé en avoir afin de mettre dix centimètres de plus dans les dents du caporal, mais je ne peux pas à cause de ma prothèse.

– Je te retourne le compliment, souris-je.

Le rouge monte aux joues de Gaïa et elle tourne sur elle-même pour faire voler les volants de sa robe. Elle semble si heureuse, ça fait des années que je ne l'ai pas vue sourire comme ça. Elle a fini par digérer la mort de Kenny et accepter le fait qu'il était loin d'être un Saint. Même s'il agissait comme un petit agneau avec Gaïa en façade, il la menaçait dans son dos pour me forcer à lui obéir.

Trois coups sont portés à ma porte avant que celle-ci ne s'ouvre sans même attendre ma permission. Je pousse un long soupir et lève les yeux au ciel en voyant Jean débarquer dans ma chambre. Ce dernier s'immobilise à peine entré dans la pièce et sa mâchoire se décroche lorsque son regard se pose sur nous. Il reste quelques secondes la bouche grande ouverte comme un abruti avant de secouer la tête pour remettre ses idées en place.

– Oh waw, deux beautés pour le prix d'une, s'exclame-t-il.

Gaïa rougit et baisse la tête, gênée suite à cette remarque, tandis que je m'approche de Jean et lui décoche une claque à l'arrière de la tête. Jean se masse l'arrière du crâne en bougonnant et en me fusillant tu regard.

– Tes phrases de tombeur à deux balles tu peux te les garder, grommelé-je.

– Je me demande ce qu'il peut bien te trouver, marmonne-t-il.

Je ne réagis pas, faisant semblant de ne pas avoir entendu ses dernières paroles bien qu'elles m'intriguent. J'espère au fond de moi qu'il parle de Livaï, mais je n'ose lui demander pour en avoir le cœur net. Je préfère rester bercée par l'illusion que Livaï est attaché à moi plutôt qu'il ne détruise mes espoirs en quelques secondes.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant