42 ~ Insomnie

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Ma chambre empeste les produits de nettoyage. L'odeur est insoutenable et me prend à la gorge, m'empêchant de dormir. Lorsque j'ai réintégré ma chambre en sortant de l'infirmerie, je m'attendais à trouver les murs tapissés d'insultes comme l'avait dit le caporal Livaï. Au lieu de ça, elle était d'une propreté impeccable, bien mieux récurée que lorsque c'était moi qui le fais. L'inconvénient, c'est que du coup ma chambre pue le désinfectant, et l'odeur du produit me monte à la tête.

Je me tourne et me retourne dans mon lit sans parvenir à trouver le sommeil. Je ne suis pas fatiguée, ça fait plus d'une semaine que je me repose à l'infirmerie. Non, je ressens le besoin profond de me défouler. Je jette un coup d'œil par la fenêtre, la lune haut dans le ciel m'indique qu'il n'est pas loin de minuit. A cette heure-là, l'ensemble de la base dort, je ne devrais donc croiser personne.

Déterminée, je sors de mon lit et troque mon pyjama pour une tenue plus appropriée à l'entrainement. Je ressens le besoin profond d'aller coller mon poing dans un sac de sable, à défaut du caporal Livaï. A pas de loup, je me faufile dans les couloirs en direction de la salle d'entrainement, sans jamais croiser personne.

Je dévale en trottinant l'escalier en colimaçon menant à la salle d'entrainement et me fige en entendant des coups donnés contre un sac de frappe. Mais c'est pas vrai ! Il est minuit passé, qui peut donc venir s'entrainer à une heure pareille ? Je descends silencieusement les dernières marches et passe discrètement ma tête par l'embrasure de la porte.

Le dos musclé du caporal Livaï apparait dans mon champ de vision, ce dernier est en train de malmener un sac de frappe. Ça doit probablement faire un petit moment qu'il est là puisqu'il est ruisselant de sueur. Je profite du fait qu'il ne m'ait pas encore repérée pour détailler chaque parcelle de sa peau à ma guise. Ses muscles tendus se meuvent harmonieusement au rythme de ses coups.

Je pourrais le trouver beau, s'il n'était pas si petit et si arrogant. Bien que son physique soit plus qu'attirant, sa personnalité renfermée ferait fuir n'importe quelle femme. Il est complètement imbuvable et invivable. Entre sa fâcheuse tendance à en venir aux mains et l'éternelle fadeur dont il fait preuve, je pense que personne ne voudrait de lui. De toute manière, même si quelqu'un a la faculté de le supporter, je ne pense pas que le caporal voudra de cette personne. Il est incapable d'éprouver la moindre émotion.

– Tu comptes m'épier encore longtemps ? demande-t-il froidement.

Il ne prend même pas la peine de se retourner vers moi pour m'adresser ces paroles, trop occupé à malmener ce sac de frappe. Je sursaute lorsqu'il m'adresse la parole et perds l'équilibre, me rétamant ainsi comme une idiote au pied de l'escalier. Lorsqu'il m'entend chuter, Livaï daigne enfin délaisser son sac pour se retourner vers moi.

Ses joues arborent une teinte rosée due à son épuisement. Déjà que son dos était plus qu'agréable à regarder, ce n'est rien comparé à son torse. Je me fais violence pour ne pas égarer mon regard sur ses abdos en béton et me plonge plutôt dans ses yeux gris. J'ignore s'il n'est pas étonné de me voir ou s'il dissimule bien sa surprise, tout comme le reste de ses émotions.

Je me remets rapidement sur mes pieds tout en m'époussetant. Sans que je puisse les contrôler, mes prunelles finissent par se perdre sur son torse reluisant de sueur. Je sens mes joues chauffer et me mords la lèvre pour tenter de contenir ma gêne.

– Décidément, vous êtes un exhibitionniste caporal.

Il arque un sourcil et croise les bras sur son buste dénudé. Je remarque que sa respiration est légèrement saccadée suite à l'effort physique qu'il vient de fournir.

– Et toi, tu es une petite voyeuse.

Je fronce les sourcils et serre les poings. Je n'ai pas le temps de m'offusquer de sa remarque qu'il a déjà fait volte-face pour reprendre où il s'était arrêté. Ce n'est pas vrai, c'est juste un malentendu ! Certes, c'est la deuxième fois que je le surprends torse nu, mais je ne le fais pas exprès ! Et puis, s'il s'habillait comme tout le monde le fait, on n'en serait pas là.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant