67 ~ Dans la gueule du loup

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Je reste les bras ballants comme une idiote, regardant mon cheval s'éloigner au grand galop sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mes jambes commencent à trembler et j'ai peur qu'elles me lâchent à tout instant. Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine, au même rythme que les pas du titan qui s'approche inexorablement de moi. Je me retourne lentement et vois le titan cuirassé s'approcher tandis que je reste incapable d'esquisser le moindre geste. Même si je suis convaincue qu'il ne me fera pas de mal, je suis tétanisée par la peur.

– Continuez d'avancer, hurle une voix lointaine dans mon dos, je m'en occupe.

Je sors de ma torpeur et fais volte-face pour voir arriver un cheval au galop. Etant donné la petite taille du cavalier, je devine aisément qu'il s'agit du caporal Livaï. Il arrête sa monture une fois à ma hauteur et me tend sa main pour m'aider à monter. Je me hisse rapidement en selle derrière lui et me cramponne à sa taille pour ne pas tomber. A peine fus-je installée que Livaï talonne son cheval qui redémarre en trombe.

– Putain Rose, grogne-t-il, tu es vraiment une idiote !

Ses mots me blessent mais je serre les dents et garde la face. J'enfouis mon visage dans sa nuque pour humer son odeur et me couper du vent. Les lourds pas du titan cuirassé parviennent à mon oreille et mes mains se crispent autour de sa taille en l'entendant se rapprocher.

– Qu'est-ce que je vous ai dit ? s'énerve Livaï. Accélérez, bon sang !

Je jette un furtif regard par-dessus l'épaule de Livaï et remarque que nous gagnons du terrain sur le reste de notre escouade. Je remarque en m'approchant que Sasha a pu récupérer mon cheval par je ne sais quel miracle. Elle au moins elle sait y faire avec les chevaux, contrairement à moi.

– Le féminin arrive par l'arrière gauche avec une horde de titans ! s'écrie Jean.

Tout mon corps se crispe à ces mots et j'ai presque peur de me retourner pour voir l'état des dégâts. Se battre contre le cuirassé et le féminin n'est déjà pas une mince affaire, alors si en plus elle nous ramène une horde de titans, nous sommes carrément perdus. Je prends mon courage à deux mains et jette un rapide regard par-dessus mon épaule. Malheureusement, Jean a bel et bien raison. Le titan féminin fonce droit sur nous à toute vitesse, suivi de près par une horde de titans. Fait chier !

Occupée à observer le danger que représente le titan féminin, j'en oublie complètement le titan cuirassé qui nous poursuit également. Ses pas semblent s'éloigner, ce qui devrait signifier qu'il est en train de faiblir. La meilleure solution qu'il a trouvée pour nous ralentir est de déraciner les quelques arbres qui se trouvent sur son chemin et de nous les lancer à la figure. Ainsi, il est déjà parvenu plusieurs fois à couper la route de notre escouade, nous obligeant à bifurquer vers la gauche, exactement dans la direction d'où vient le titan féminin. Oh non ...

Je n'ai pas le temps de faire part de mon hypothèse à Livaï car un tronc vient s'écraser juste devant nous. Je me penche sur le côté afin de l'éviter, entrainant Livaï dans ma chute. Malheureusement, son cheval n'a pas eu la même chance que nous puisque sa tête et son encolure se retrouvent écrasés sous cet arbre. Je réprime un haut-le-cœur en constatant que ses jambes bougent encore, signe qu'il est toujours en vie.

Je n'ai pas le temps de m'inquiéter plus longtemps pour l'animal, Livaï me saisit par les épaules et me secoue comme un prunier pour obtenir mon attention. Il n'a plus rien avoir avec l'homme qu'il était cette nuit, il est redevenu froid et indifférent à tout ce qui l'entoure. Je ressens un pincement au cœur suite à la manière glaciale dont il me dévisage. N'a-t-il donc rien ressenti lorsque nous ne faisions qu'un ? En tout cas, il s'est bien moqué de moi !

– Ecoute-moi bien, Rose. Tu ne t'approches surtout pas du féminin ni du cuirassé, c'est clair ? Occupe-toi uniquement des titans normaux.

Mon sang bouillonne dans mes veines tandis que je serre les poings. Je dois me faire violence pour ne pas lui en coller une pour lui remettre les idées en place. Il me traite comme une enfant, et je déteste ça. S'il m'a cassé les pieds pour que je m'entraine dur pour retrouver le même niveau qu'avant, ce n'est quand même pas pour me planquer une fois le moment venu. Excédée, je dégage brusquement ses mains de mes épaules tout en le fusillant du regard.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant