82 ~ La vengeance est un plat qui se mange froid

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Mes yeux s'ouvrirent instantanément lorsque j'entendis des bruits de pas approcher dangereusement de mon lit. Mon matelas s'affaissa sous le poids du nouvel arrivant lorsque ce dernier s'assit à mes côtés. Avec un cruel manque de délicatesse, il me secoua par l'épaule afin de me réveiller. Je poussai un lourd grognement lorsque la voix froide et cruelle de Kenny parvint à mes oreilles.

– Prépare-toi, j'en ai retrouvé un.

Mes yeux s'écarquillèrent à ses paroles et je me redressai mécaniquement sur mon lit tandis que Kenny s'éloignait déjà pour quitter la pièce. Aussi silencieusement que possible, je troquai mon pyjama pour une tenue plus appropriée. Mes mains tremblaient tant j'étais angoissée, si bien que j'éprouvais quelques difficultés à m'habiller. Je parvins tant bien que mal à me vêtir et rejoignis Kenny dans le couloir.

J'essuyai mes mains moites sur mon pantalon et inspirai profondément pour tenter de maitriser ma respiration saccadée, comme il me l'avait appris. Ça faisait plus de cinq ans que j'attendais ce moment avec impatience mais, maintenant que l'heure fatidique approchait, j'étais terriblement angoissée. Allais-je réellement être capable de commettre une telle atrocité ? Je n'en avais aucune idée.

Accompagnée de Kenny, je me rendis dans la salle d'arme afin de m'équiper. Je glissai deux poignards dans mes bottes, comme j'avais l'habitude de faire, ainsi qu'un troisième, plus grand, à ma ceinture. Kenny remarqua mes mains tremblantes et esquissa un rictus moqueur en ébouriffant mes cheveux.

– Alors gamine, t'es stressée ? ricana-t-il.

A vrai dire, j'étais morte de trouille. Je n'avais jamais été aussi angoissée, sauf peut-être ce fameux jour où tout a basculé. Je déglutis difficilement avant de hocher faiblement la tête, ce qui agrandit le rictus de Kenny.

– Un peu, parvins-je à articuler d'une voix chevrotante.

Nous sortîmes de la bâtisse et rejoignîmes un groupe d'hommes de main de Kenny qui nous attendaient à l'extérieur. Kenny dispensa quelques ordres à ses hommes auxquels je ne prêtai pas attention avant de se tourner vers moi.

– Tu es sûre que Gaïa ne veut pas venir avec nous ? demanda-t-il.

Mais il était complètement malade lui ? Je le fixai un instant avec des yeux ahuris avant de froncer les sourcils et de secouer frénétiquement la tête.

– Oui, elle est trop jeune, grogné-je.

Gaïa n'avait que neuf ans, c'était complètement insensé et impensable de l'emmener dans une mission pareille. Déjà moi qui avais le cœur plus accroché, je ne me sentais pas particulièrement à l'aise en pensant à la suite des évènements, alors je n'osais imaginer emmener Gaïa avec nous.

– Ça forge la jeunesse, ricana-t-il.

Je levai les yeux au ciel et poussai un long soupir, je n'étais pas sûre qu'égorger vif un homme soit la meilleure manière de forger sa jeunesse. J'aimerais qu'elle ne soit jamais confrontée de façon si brutale à la cruauté implacable de ce monde, elle avait déjà suffisamment souffert en voyant ses parents être froidement assassinés sous ses yeux innocents.

– On a un marché Kenny, lui rappelai-je. Je fais ce que tu veux, et en échange Gaïa a droit à une vie normale.

Kenny ricana et me poussa légèrement dans le dos pour me forcer à avancer plus vite. A cause du stress et de l'appréhension qui coulaient dans mes veines, je n'avais même pas remarqué que je trainais les pieds afin de retarder la fatidique échéance.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant