A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022

38 ~ On récolte ce que l'on sème

Livaï Ackerman serre les poings en prenant la direction des cachots. S'il y a bien une chose qu'il déteste, c'est l'injustice et, bien que cette petite peste l'ait bien cherché en libérant un prisonnier hautement dangereux, elle ne méritait peut-être pas un tel passage à tabac. Avec un peu de chance, cet incident lui aura peut-être remis les idées en place.

– Caporal Livaï ?

Le caporal se retourne, un pied déjà posé sur la première marche de l'escalier menant aux cachots, et fusille du regard l'imprudent qui ose l'interrompre. Le soldat déglutit en croisant le regard incendiaire du caporal et se râcle la gorge pour reprendre contenance. Il s'immobilise à quelques mètres du caporal et baisse les yeux, de peur d'éveiller ses foudres. Livaï lève les yeux au ciel et souffle bruyamment, exaspéré par tant de couardise.

– Quoi encore ? s'impatiente-t-il.

Le soldat sursaute suite au ton autoritaire que vient d'employer son supérieur et garde son regard braqué sur ses chaussures. Il tente de maitriser ses tremblements avant de prendre la parole.

– Le major Erwin vous demande, dit-il d'une voix chevrotante.

Le soldat déglutit difficilement avant de tourner les talons et de détaler à toutes jambes, effrayé par le caporal et son regard de glace. Livaï pousse un long soupir dépité et lance un dernier regard indéchiffrable au sombre escalier menant aux cachots. Tant pis, Eren et les autres allaient devoir attendre avant de recevoir leur correction. A contrecœur, le petit homme fait demi-tour et remonte dans les étages jusqu'à atteindre le bureau d'Erwin.

Comme à son habitude, Livaï donne trois coups secs sur la porte et attend l'approbation de son supérieur avant d'entrer dans la pièce. Il fait quelques pas avant de s'immobiliser face au bureau, droit comme un piquet, attendant que le major relève la tête de son rapport. Après de longues minutes de silence, brisé uniquement par le bruit de la plume grattant le papier, les yeux bleus du major Erwin quittent enfin son rapport pour se poser sur le caporal Livaï.

– Tu voulais me voir ? demande poliment Livaï pour engager la conversation.

Erwin repose soigneusement sa plume sur le coin de son bureau avant de joindre ses mains entre elles.

– Effectivement, répond le major. J'ai entendu dire que tu avais retrouvé Rose inconsciente dans la forêt.

Livaï hoche la tête et hésite un instant avant de tirer sur une chaise pour s'asseoir. La poussière sur le dossier de cette dernière le dégoute, et il se demande comment fait Erwin pour travailler dans un endroit aussi sale et désordonné.

– Elle a été tabassée par trois de ses petits copains qui n'ont pas spécialement apprécié sa trahison, explique le caporal.

Erwin lève les yeux au ciel à l'entente du mot trahison, il n'aime pas que Livaï emploie ce terme. Pour lui, ce mot est un peu trop lourd de sens pour qualifier l'acte qu'elle a commis. Certes, elle a libéré un prisonnier, mais elle ne l'a pas fait dans le but de nuire au bataillon ou à qui que ce soit, elle était simplement désespérée et souhaitait à tout prix sauver son ami. En voyant la détresse dans le regard de la jeune femme, Erwin a instantanément repensé à la détresse qu'il avait vu dans les yeux d'Amélia ce jour-là.

En revanche, du point de vue du caporal, quelles qu'aient été ses motivations, il s'agit tout bonnement d'une trahison, envers l'humanité tout du moins. Est-il possible d'être assez stupide et de faire quelque chose d'aussi insensé simplement par amour ? Le major Erwin en semble convaincu, et il a même avoué qu'il aurait été capable de commettre la même erreur. Cependant, Livaï en doute fortement. En libérant ce traitre, Rose a mis en péril la survie de l'humanité et des habitants des murs, bien qu'elle n'en ait pas conscience.