A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022

10 ~ Le titan colossal

Pour la première fois de ma vie, je me retrouve au sommet du mur Rose et je reste ébahie devant cette vue magnifique qui s'offre à moi. Je m'approche du bord et admire le vide sous mes pieds. En cet instant, je suis reconnaissante de ne pas avoir le vertige. Ce mur est vraiment immense.

Un bruit sourd retentit dans mon dos et je me retourne subitement pour admirer le vacarme causé par Jean. Il a perdu l'équilibre et a renversé une caisse en bois contenant des boulets de canon. Ceux-ci roulent un peu partout et Jean court après pour tenter de les ramasser.

– T'es vraiment pas possible, tête de gland. La prochaine fois vas-y mollo sur la boisson.

– Alors là c'est l'hôpital qui se fout de la charité, marmonne-t-il.

Je lui adresse un doigt d'honneur pendant qu'il continue de réparer sa bêtise. Alors qu'il range les derniers boulets, Sasha nous rejoint avec un air coupable sur le visage. Je suis certaine qu'elle a encore dérobé de la nourriture. Elle arrive à notre hauteur avec un air béat sur le visage et je ne lui laisse même pas le temps d'en placer une :

– Qu'est-ce que t'as encore volé ? soupiré-je.

Elle ouvre un pan de sa veste et nous dévoile fièrement son trophée : du saucisson.

– Je l'ai piqué dans la réserve des supérieurs, je me suis dit qu'on pourrait se le partager entre nous, dit-elle l'eau à la bouche.

Connie et Eren affichent des mines effarées tandis que moi, j'en bave déjà. Depuis combien de temps n'ai-je pas mangé de viande ? Depuis la chute de Shiganshina, je suppose. Jean, qui a enfin tout remis en ordre, revient vers nous en titubant. Je ne peux m'empêcher de rire à cette vue et récolte un regard noir de sa part.

– Mais t'es malade ! s'affole Jean. Tu veux mourir ou quoi ?

– Pète un coup, tête de gland. Moi je suis d'avis qu'on se le partage dès maintenant.

Sasha hoche vigoureusement la tête et s'apprête à découper le graal lorsque Connie interrompt son geste.

– Pas maintenant, on est censés surveiller le mur, nous réprimande-t-il.

Je lève les yeux au ciel et prends le saucisson des mains de Sasha pour le découper moi-même.

– Oh ça va, ça fait cinq ans qu'il ne s'est rien passé. Le titan colossal et le titan cuirassé ne vont quand même pas ...

Je m'interromps lorsqu'un éclair retentit dans mon dos. Je n'ai pas le temps de me retourner pour voir de quoi il s'agit, un souffle chaud me projette violemment dans le vide. Dans un réflexe insoupçonné, je déploie mon câble et m'arrime au mur. Je jette des regards alentours et suis soulagée de constater que mes camarades ont eu le même réflexe que moi.

Je redresse alors la tête vers la source de tout ce tintamarre et mon visage se décompose lorsque je reconnais le titan colossal. Mon sang se glace dans mes veines et je reste tétanisée par la peur. Alors c'est donc à ça qu'il ressemble de près ? Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi immense. Avant que nous n'ayons le temps de réagir, le mur se met à trembler et une déflagration retentit en-dessous de nous. Oh non, le titan colossal vient d'ouvrir une brèche dans le mur Rose.

– C'est notre chance ! Il faut l'anéantir, s'écrie Eren.

Mais il est complètement malade lui ? Je tourne la tête et le vois qui s'élance seul en direction du titan. Décidément, il porte plutôt bien son surnom d'idiot suicidaire.

– Ça fait cinq ans, enfoiré !

S'il arrive quoi que ce soit à Eren, Kenny va me tuer. Je soupire et lance mon câble pour me hisser en haut du mur. J'arrive juste à temps pour voir Eren remonter le bras du titan en courant et s'élancer vers sa nuque. Pourquoi faut-il que cet idiot soit si pressé de mourir ? Je fixe un instant le titan colossal avant de prendre mon courage à deux mains et de me ruer à mon tour vers sa nuque. Je remonte le long de son bras droit et en profite pour laisser glisser ma lame dans sa chair, sectionnant ses tendons. Arrivée à son épaule, je saute pour prendre de l'élan et fiche mon câble dans sa nuque. Je vois qu'Eren a fait la même chose que moi. Au moment où nous fondons simultanément sur son point faible, un souffle chaud nous balaie et nous expulse au loin. Quel enfoiré !