29 ~ Appel à l'aide

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Après une semaine et demi alitée à l'infirmerie, je suis enfin autorisée à sortir et à me déplacer librement, pour mon plus grand bonheur. Je déteste être contrainte de rester immobile, sans pouvoir aller où je veux et me dégourdir les jambes. « Tu dois te reposer, Rose, c'est pour ton bien », m'a-t-on dit. Je n'en pouvais plus d'être cloitrée entre les quatre murs étouffants de cette infirmerie, à voir défiler les blessés moins chanceux que moi.

Mais tout ça est révolu à présent, je suis à nouveau libre comme l'air et gambade joyeusement dans les couloirs, ravie de pouvoir courir à nouveau. Cependant, un nuage noir vient troubler ma joie : je dois encore garder ces foutus bandages un petit moment, et je dois aller à l'infirmerie deux fois par jour pour les changer. Je jure que je vais étriper cet enfoiré de Bertolt s'il se met encore en travers de mon chemin.

A cause de ces saloperies de bandages, je ne suis plus autonome. Jusqu'ici, c'est une infirmière qui me nourrissait en me donnant la becquée, comme à un petit bébé, car je suis incapable de tenir une fourchette ou une cuillère pour manger seule. Idem pour la douche, je suis incapable de me laver seule puisque je ne peux pas mouiller les bandages de mes mains, c'est donc Laure qui s'occupait de ma toilette. Je déteste être une assistée, je veux retrouver mon indépendance. Je vais vraiment faire la peau à Bertolt s'il ose se repointer dans le coin.

Je déambule dans le bâtiment sans but précis et m'immobilise net lorsqu'un cri déchirant retentit au loin. Je m'approche prudemment de l'escalier en pierre menant aux cachots, endroit d'où semblent provenir les cris. Je crois reconnaitre la voix de Reiner, suppliant ses tortionnaires d'arrêter ce qu'ils font. Un frisson parcourt mon échine en imaginant les atrocités qu'ils lui font subir, sans compter que Reiner est un titan, il peut donc souffrir sans mourir grâce à sa capacité de guérison. Je serre les poings, ignorant la douleur naissante dans mes mains, et laisse une larme de rage couler. Pourquoi l'être humain est-il si cruel ?

Excédée, je donne un coup de poing dans le mur en hurlant pour exprimer ma rage. Je regrette rapidement mon geste puisque ma main gauche est à présent encore plus douloureuse que d'ordinaire. Putain ! Ne supportant plus les cris de Reiner, je m'enfuis en courant et déboule en trombe dans la cour. Une bourrasque me fouette le visage et j'inspire profondément, l'air à l'intérieur du bâtiment est devenu tellement étouffant.

Le soleil de cette fin d'après-midi m'aveugle lorsque je débarque dans la cour et je m'arrête net, à bout de souffle. J'essuie rageusement les quelques larmes au coin de mes yeux tout en tentant de retrouver une respiration plus calme. Je décide d'aller m'asseoir sur un petit muret et observe mes camarades qui s'entrainent au corps à corps. Un sourire s'étire sur mes lèvres lorsque Jean se fait plaquer au sol par Eren.

– Décidément, tu trouves toujours un moyen d'échapper à l'entrainement, déclare une voix calme dans mon dos.

Je sursaute, surprise qu'on m'adresse la parole. Ce caporal est pire qu'une petite souris niveau discrétion, je ne l'ai même pas entendu arriver.

– Vous m'avez démasquée, caporal, j'ai fait tout ça uniquement pour avoir quelques semaines de repos.

J'entends faiblement les pas du gnome sur le sable fin de la cour contourner le muret où je suis assise et venir s'y appuyer à mes côtés. Les bras croisés sur son torse, il me dévisage sans aucune gêne et esquisse un rictus.

– T'as vraiment une sale tête comme ça, ricane-t-il.

Le caporal fait toujours dans la dentelle à ce que je vois.

– Vous aussi, rétorqué-je, mais moi au moins c'est temporaire.

Je serre les dents et rentre ma tête dans mes épaules, attendant le moment fatidique où il me frapperait ou me lancerait un nouvel avertissement. Etonnement, il se contente de lever les yeux au ciel et me lâche du regard pour observer les soldats en train de se battre.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant