A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022

31 ~ Interrogatoire

Un froid mordant s'empare soudain de chaque parcelle de mon corps et mes poumons se gorgent d'eau. Je suffoque un instant avant de tousser bruyamment et de recracher l'eau présente dans mes poumons. Je papillonne des cils et, malgré ma vue floue, je parviens aisément à reconnaître les cachots de la base. Oh non...

Je tremble tant j'ai froid. Je sens ma chemise trempée me coller à la peau et claque des dents. Je voudrais bouger mes bras pour me frictionner mais j'en suis incapable, ces derniers sont fermement ligotés aux accoudoirs d'une chaise. Je constate que mes pieds sont également attachés aux pieds de la chaise. Ma vision revient peu à peu à elle, me permettant de distinguer plus nettement le visage du caporal Livaï. Un rictus en coin étire ses lèvres et il tient un seau d'eau vide.

– La belle au bois dormant est enfin réveillée.

Je fusille le gnome du regard et gigote sur ma chaise, tentant en vain de me défaire de mes liens. Agacée, je souffle bruyamment et remue de plus belle, faisant tressauter les pieds de la chaise.

– Inutile de t'épuiser pour rien, soupire le caporal, tu ne pourras pas nous échapper.

Tu veux parier, demi-portion ? Je me retiens cependant de répondre ça, jugeant que je suis déjà suffisamment dans le pétrin comme ça. Que dira Kenny lorsqu'il apprendra que je me suis encore une fois attiré des ennuis ? Il est probablement déjà au courant, et je redoute déjà le moment où je devrai essuyer sa colère.

– Qu'est-ce que vous me voulez ? finis-je par demander.

– On veut simplement te poser quelques questions.

Je sursaute lorsque le major Erwin prend la parole et s'avance avec un visage grave vers le centre de la pièce. Jusque-là tapis dans l'ombre, je ne l'avais pas remarqué. Je me dévisse le cou pour scruter le reste de la pièce ainsi que le couloir mais ne remarque personne d'autre. Je suis désespérément seule avec ces deux monstres. Je remarque d'ailleurs que tous deux portent un long tablier en cuir, servant probablement à protéger leurs vêtements de mon sang, ainsi que des gants. Oh génial, je sens qu'on va bien s'amuser tous les trois.

– Pourquoi vous êtes habillés comme ça ? demandé-je innocemment. Moi aussi vous allez me torturer ? Faites attention, moi je n'ai pas la faculté de guérir en un claquement de doigts comme Reiner. Mes ongles ne repousseront pas, mes plaies ne se refermeront pas toutes seules.

Les deux hommes se dévisagent un instant et le major hoche la tête. Le gnome me contourne et je me dévisse le cou pour le voir s'approcher d'une table dans mon dos sur laquelle sont posés toute une série d'ustensiles étranges dont j'ignore l'usage, mais je sens que je ne vais pas tarder à le découvrir. Je me remets droite et soutiens le regard de glace du major Erwin. A quoi pense-t-il en ce moment ? J'entends les pas du caporal revenir vers moi et déglutis difficilement. Que vont-ils me faire ?

– Je me demande ce que diront les brigades spéciales lorsqu'elles apprendront que vous avez torturé une de vos recrues.

– Une traitresse, me corrige le caporal. Maintenant ferme-la, tu parles beaucoup trop.

Le gnome m'attrape par les cheveux et tire brusquement ma tête en arrière, me forçant ainsi à le regarder. Il me fixe avec indifférence, comme si je n'étais qu'un parasite, mais esquisse tout de même un rictus.

– J'espère que tu as un bon souffle, ricane-t-il.

Je lui lance un dernier regard noir avant qu'il ne pose une serviette sur ma tête. J'anticipe la suite des évènements et parviens à prendre une grande inspiration juste à temps avant qu'il ne commence à me verser un seau d'eau sur la tête. Je tente de garder mon calme et de maitriser mon pouls dans cette situation tendue. Je fais abstraction de l'eau qui ruissèle sur mon visage, de mon corps tremblant à cause du froid, des cordes qui me brûlent les poignets. Je pense que j'ai rarement été d'un tel calme, mon pouls est si bas que je me demande si je suis encore en vie.