17 ~ Expérience

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Je ferme un instant les yeux et profite des doux rayons du soleil qui viennent réchauffer ma peau. Assise sur un muret, j'observe avec envie mes camarades qui s'entrainent. Avec mon bras en écharpe, il m'est impossible de m'entrainer avec les autres au corps à corps, je dois garder ma main aussi immobile que possible pour qu'elle guérisse correctement.

Cela fait maintenant quelques jours que nous sommes arrivés, et le major Erwin ne lésine pas sur notre entrainement. Nous avons droit à de nouveaux cours théoriques afin d'apprendre de nouvelles stratégies. Les autres doivent également poursuivre un entrainement physique mais, avec ma main, je suis dispensée d'une partie de cet entrainement. Ça ne me déplait pas, bien au contraire puisque les autres ont l'air d'être exténués tous les soirs, mais je dois avouer que ça me manque de coller une raclée à Jean.

– Pourquoi tu ne t'entraines pas avec tes petits copains ?

– Parce que vous m'avez si gentiment démoli la main, ironisé-je.

Je reste focalisée sur mes camarades en train de s'entrainer et tente de ne pas ciller sous le regard brûlant du gnome dans ma nuque. J'entends le bruit de ses pas, il contourne le muret et vient s'y appuyer, à côté de moi.

– Et tu penses que les titans en ont quelque chose à foutre que tu aies une main en moins ? Ils essaieront quand même de te bouffer.

– Je pense surtout que vous allez avoir des problèmes avec Hanji si je ne garde pas ma main immobile comme elle me l'a très clairement ordonné.

J'ose enfin poser mon regard sur lui et j'étouffe un rire quand je remarque qu'il est un étage plus bas que moi. Le haut du muret lui arrive à peine dans le bas du dos. Comment peut-il être à la fois si petit et si redoutable ? Appuyé sur le muret, les bras croisés sur sa poitrine, il me dévisage froidement pendant un long moment avant de soupirer.

– Et moi je pense que c'est toi qui vas avoir de sérieux problèmes si tu restes là à te tourner les pouces.

Me tourner les pouces, sérieusement ? Je me demande, l'espace d'un instant, s'il l'a fait exprès ou non. Le rictus au coin de ses lèvres m'indique qu'il est plutôt fier de sa blague et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.

– Quel humour caporal, vous avez sucé un clown ce matin ? réponds-je cyniquement.

Il me toise de ses petits yeux noirs et inexpressifs et, avec une rapidité déconcertante, il pose sa main sur mon buste avant de me pousser d'une force que je ne lui soupçonnais pas. Je bascule en arrière et tombe du muret la tête la première. Mon souffle se coupe et je me tourne sur le côté, cherchant de l'air. Le caporal reste adossé au muret et me toise comme si je n'étais qu'une moins que rien, ce qui n'est pas tout à fait faux en y repensant. Je me remets sur mes pieds, un peu trop rapidement à mon goût puisque ma tête vacille, et m'époussette tout en le fusillant de mon regard le plus noir, ce qui ne le fait même pas ciller.

– Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre ? dis-je sur la défensive. Vous voulez que j'aille me battre avec les autres et que je me fasse dégommer ?

Je me frotte douloureusement la tête et serre les dents pour ne pas grimacer tellement j'ai mal. En plus de m'être violemment cogné la tête sur le sol, mon dos a percuté de plein fouet le muret et un éclair de fulgurant est remonté tout le long de mon bras gauche, réveillant la douleur dans mon pouce.

– Je n'en ai rien à foutre, tant que tu ne restes pas plantée là comme une idiote.

Avec agilité, j'enjambe le muret et me rassied dessus exactement au même endroit. J'observe un instant mes camarades et esquisse un sourire lorsque Jean se fait plaquer au sol par Mikasa.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant