77 ~ Tel est pris qui croyait prendre

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Le temps semble tourner au ralenti, plus rien n'a d'importance autour de moi. Ses lèvres sont si douces et j'aurais voulu qu'elles ne quittent plus jamais les miennes. En temps normal, j'aurais glissé mes mains dans sa nuque pour jouer avec ses cheveux, j'aurais approfondi ce baiser, j'aurais même sûrement proposé de trouver un coin plus tranquille pour finir la soirée. Seulement, ses paroles me reviennent en mémoire et font remonter en moi cette rage qu'il est momentanément parvenu à apaiser.

Alors que sa main caresse délicatement ma joue et qu'il happe mes lèvres avec plus d'ardeur, je le repousse brusquement. L'incompréhension se lit sur son visage, ce qui a le don de m'agacer. Bien déterminée à lui faire payer ses mots tranchants, je lève ma main dans l'espoir de lui coller une nouvelle gifle, seulement il intercepte mon geste en plein vol.

– Si tu crois que c'est en m'embrassant que je vais oublier ce que tu m'as dit, tu te mets le doigt dans l'œil.

– Avec ta cervelle de moineau je pensais que tu avais déjà oublié, ricane-t-il.

Alors là, c'est le comble. Je sens la colère se distiller dans mes veines à mesure que les secondes défilent. L'indifférence sur son visage me brise le cœur et me donne envie de le frapper pour le faire réagir. Mes poings se serrent tandis que ma mâchoire se crispe. Inconsciemment, je lève mon poing pour l'abattre sur son nez. Bien évidemment, Livaï parvient sans difficulté à interrompre mon geste et à m'immobiliser contre ce mur.

– Je te déteste, craché-je.

Etant incapable de bouger, il ne me reste que mon venin comme seul moyen de défense. Tout ce que je peux faire, c'est tenter de le heurter avec des mots, seulement ça ne semble pas avoir beaucoup d'effet sur lui puisqu'il esquisse un rictus moqueur.

– Alors ça, je n'en crois pas un mot, rétorque-t-il.

J'aurais voulu lui coller mon poing en pleine figure, mais ses prunelles d'acier me paralysent. Des larmes d'énervement montent peu à peu à mes yeux et menacent à tout instant de couler. Tout un flot d'émotions diverses et contradictoires se déverse en moi. Je me demande comment je fais pour avoir à la fois envie de le clouer au sol pour le rouer de coups, et à la fois éprouver du désir pour lui.

Il a raison, bien évidemment, je ne le déteste pas, mais je tente du mieux que je peux de m'en persuader moi-même. Mon corps tout entier est parcouru de frissons lorsque son regard de glace accroche le mien. Il hésite un instant avant relâcher mes poignets et de glisser lentement ses mains dans les miennes. Le contact de sa peau sur la mienne m'électrise et l'air devient rapidement suffoquant dans ce couloir.

– Tu trembles, Rose, murmure Livaï. Tu n'essaies même pas de partir alors que je t'ai lâchée.

Mes jambes refusent de m'obéir lorsque je décide de m'éloigner de lui. Pourquoi a-t-il une telle emprise sur moi ? Mes muscles restent tétanisés, et je suis incapable d'esquisser le moindre geste. Je tressaille lorsque sa main droite vient effleurer la peau meurtrie de ma joue du bout des doigts. Une douce chaleur se répand dans ma joue, et bientôt dans mon corps tout entier. Je suis hypnotisée par ses yeux, si bien qu'ils parviennent à évaporer peu à peu la rage qui sommeillait en moi.

Ma respiration s'accélère à mesure que la distance entre nous se réduit. Mes yeux dévient dangereusement vers ses lèvres et je me fais violence pour ne pas fondre dessus. Je ne dois pas me laisser distraire, je dois garder à l'esprit qu'il m'a fait du mal et que je veux lui faire payer. Pourtant, ma main ne répond pas lorsque je lui commande de le gifler. Alors je reste plantée là comme une abrutie, les bras ballants, attendant désespérément le contact de ses lèvres sur les miennes.

Livaï se plait d'ailleurs à me faire languir, il prend un malin plaisir à rester à quelques centimètres de moi. Son souffle chaud s'écrase sur mes lèvres, provoquant ainsi un frisson incontrôlé le long de ma colonne vertébrale. La main de Livaï glisse lentement dans mon dos avant de coller un peu plus mon corps au sien. A nouveau, je me sens consumée de l'intérieur par un désir interdit.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant