74 ~ Amertume

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Le caporal Livaï n'a pas eu le courage de revenir me voir, mais il a tout de même eu la décence d'envoyer quelqu'un me détacher de ce mur de pierre. Il a également eu l'immense gentillesse de me faire apporter des vêtements, ainsi que ma prothèse. Quelle âme charitable, vraiment, je ne manquerai pas de remercier ce sale petit cafard pour sa clémence ... Ou pas. Une chose est sûre c'est que, s'il ose se repointer dans cette cellule, je me ferai un plaisir de lui faire la peau.

Allongée sur mon lit, occupée à ruminer mes pensées sombres, je sursaute lorsque des bruits de pas retentissent dans l'escalier. De tout cœur, j'espère qu'il s'agit du caporal Livaï car j'aimerais tant lui cracher mon venin au visage. Je m'approche de la grille de ma cellule pour tenter de distinguer le nouveau venu, ou plutôt les nouveaux venus puisqu'il me semble distinguer les bruits de pas de deux personnes.

La sale tête de fouine de Frock apparait dans mon champ de vision et mes mains se crispent sur les barreaux. Lui aussi j'aimerais bien lui en coller une ou deux pour lui exprimer ma façon de penser. Ce sale petit emmerdeur m'a toujours profondément tapé sur le système, et je pense d'ailleurs que c'est réciproque. Cependant, je ne l'ai jamais autant détesté qu'en cet instant, lorsque je remarque que ma petite sœur se tient à ses côtés. Frock attrape un trousseau de clés à sa ceinture et ouvre la cellule voisine à la mienne.

– Il faut que tu entres là-dedans, indique-t-il à Gaïa avec un sourire gêné sur le visage.

Je vois Gaïa hocher faiblement la tête et s'exécuter sans protester. Je remarque qu'elle parait plutôt gênée, elle garde la tête baissée et tente de se cacher derrière sa longue chevelure brune. Elle doit probablement être intimidée de se retrouver face aux soldats du prestigieux bataillon d'exploration. Elle a toujours été plutôt réservée et facilement impressionnable. De ce que j'ai pu voir, elle a l'air d'aller bien.

– Qu'est-ce que vous lui avez fait ? demandé-je froidement.

Le sourire niais de cet abruti de Frock disparait de son visage pour laisser place à la haine profonde qu'il me voue. A mon tour, je lui lance un regard aussi sombre que mon âme et esquisse un rictus mauvais lorsqu'un frisson parcourt son échine et qu'il recule d'un pas. Il secoue la tête et retrouve un semblant d'assurance en esquissant un sourire mesquin.

– Ne t'en fais pas, traitresse, on s'est bien occupés d'elle.

En théorie, sa phrase devrait avoir pour vocation de me rassurer. Cependant, il l'a dite d'une manière tellement sombre que ça m'a provoqué des sueurs froides dans le dos. Mes doigts fins se crispent sur les barreaux de ma cellule et je donnerai n'importe quoi pour les serrer autour du cou de ce misérable insecte.

– Dès que je sortirai de cette cellule je te ferai la peau, sale petit cloporte.

Mes mots tranchants accompagnés de mon regard meurtrier parviennent à faire naitre de la peur dans le regard de cet enfoiré, m'arrachant un rictus. Les poings de Frock se serrent et il reprend rapidement un semblant d'assurance en me fusillant du regard.

– Tu veux dire si tu sors un jour de cette cellule, sale traitresse, crache-t-il.

Fier de sa petite réplique, il lâche un rire gras et exagéré avant de nous tourner le dos et de repartir en direction de l'escalier. Je le fusille du regard tandis qu'il s'éloigne, espérant que mon regard incendiaire puisse le brûler vif. Sérieusement, il n'aurait pas pu se faire bouffer lors de la dernière expédition ce parasite ? Ça nous aurait fait des vacances ...

– Ben dis donc, on peut dire que ton bataillon a le sens de l'accueil, lâche amèrement Gaïa.

Avec tout ça, j'en avais presque oublié ma sœur cadette. Je colle mon visage à la grille pour tenter de l'apercevoir, en vain. Résignée, je lâche les barreaux de ma cellule et m'adosse au mur avant de me laisser glisser sur le sol.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant