Epilogue

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Deux ans et demi plus tard

Mon corps tout entier tremble, à la fois de froid et de peur. J'ignore depuis combien de temps je suis ici, j'ai fini par perdre la notion du temps. Fermement attachée sur cette chaise en bois inconfortable, je suis tristement seule avec ma souffrance. La solitude ne me dérange pas, bien au contraire, elle m'est plus agréable que les visites que je reçois de la part de mes tortionnaires.

Je sursaute lorsque la porte de ce sombre et crasseux sous-sol s'ouvre dans un grincement sinistre dans mon dos. Mes mains se crispent sur les accoudoirs de cette chaise de torture, si bien que mes ongles finissent par racler le bois. Sans que je le contrôle, mon corps est secoué de violents tremblements, appréhendant la séance à venir. Je me mords la lèvre à sang pour retenir mes larmes, je refuse catégoriquement de craquer devant eux.

– J'espère pour toi que tu te montreras enfin coopérative, résonne une voix grasse qui me donne des frissons.

Avant même que j'aie le temps de dire quoi que ce soit, l'homme actionne le levier sur ma droite. Mon corps tout entier se cambre, parcouru d'une douloureuse décharge électrique. Je lâche un puissant cri exprimant toute ma douleur, arrachant un rire démoniaque à mon tortionnaire. L'homme relève enfin ce maudit levier, mettant fin à mes souffrances. Je m'affaisse sur ma chaise, et je me serais sans doute lamentablement étalée sur le sol crasseux de cette pièce si je n'étais pas aussi fermement attachée.

Mon corps se remet à trembler tandis que les pas de l'homme s'approchent sinistrement de moi. Il s'accroupit face à moi afin de se mettre à ma hauteur, un rictus mauvais plaqué sur le visage. Ce visage est peut-être celui que j'ai le plus haï dans ma vie, il réveille au fond de mes entrailles une haine viscérale que je n'ai encore jamais éprouvée. Son sourire carnassier s'agrandit en voyant les larmes séchées sur mes joues, me répugnant au plus haut point. Obéissant à cette pulsion de dégoût au plus profond de moi, je crache un gros mollard en plein sur le visage de ce monstre. C'est à mon tour d'esquisser un sourire narquois, seulement ce dernier s'évanouit bien vite lorsqu'une puissante gifle vient me cueillir.

– Je vois, grogne-t-il, tu n'apprends donc jamais de tes erreurs.

L'homme se redresse et retourne à son levier avant de l'abaisser une nouvelle fois. Un nouveau cri franchit malgré moi la barrière de mes lèvres lorsqu'une nouvelle douloureuse décharge, plus forte et plus puissante que la précédente, parcourt chaque parcelle de mon corps. Je suis prise de convulsions qui arrachent un rire à mon tortionnaire. Une nouvelle fois, je m'affaisse lourdement sur ma chaise lorsqu'il relève son foutu levier.

– Comment t'appelles-tu ?

– Rose Stark, grogné-je malgré moi.

J'aurais voulu l'insulter de tous les noms, mais j'en suis incapable. La douleur de ces décharges est atroce, et mon corps en tremble encore. Je m'en veux d'être si faible et de craquer si facilement sous le poids de ses menaces. Quelques larmes silencieuses coulent le long de mes joues, je me dégoûte moi-même.

– Quelle est ta mission ?

– Je vais te saigner comme un porc espèce de sombre ...

Je m'interromps pour lâcher un nouveau hurlement empli de désespoir lorsqu'il actionne une nouvelle fois son levier de malheur. Durant des heures, ce malade actionne son levier à chaque fois que mes réponses ne lui conviennent pas, comme à chaque fois. Plus les décharges augmentent en intensité, plus mes idées deviennent floues. Je pleure, je hurle, je perds complètement la tête. Je ne suis plus qu'un vulgaire pantin, répétant inlassablement les phrases qu'on me dicte. Finalement, ces phrases bateau pénètrent mon esprit et s'y insinuent dans les moindres recoins.

– Quelle est ta mission ? demande une nouvelle fois ce monstre.

Je me mords la lèvre, ne sachant que répondre. Si je mets trop de temps à parler, il actionnera son levier. Si je ne donne pas la réponse qu'il attend, il actionnera son levier. Si je fais semblant de m'évanouir pour avoir la paix, il actionnera son levier. La panique s'empare de moi et mes idées deviennent de plus en plus floues. Alors que je le sens s'impatienter, la réponse apparait en moi comme une évidence.

– Anéantir Paradis, lâché-je froidement.

Fin du premier tome

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant