28 ~ Dans quel camp es-tu ?

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Un silence pesant règne dans l'infirmerie. Les deux hommes me fixent attentivement, attendant une réponse de ma part, tandis que je reste plantée là comme une abrutie, les bras ballants. Ma mâchoire se décroche, je suis incapable de dire quoi que ce soit. Pourquoi me soupçonnent-ils d'être de mèche avec Reiner ?

– T'es sourde, espèce d'abrutie ? s'impatiente le caporal.

– Livaï ! le réprimande Erwin.

Le gnome lève les yeux au ciel et souffle bruyamment pour nous montrer son exaspération. Bras croisés sur son torse, il commence à faire les cent pas derrière le major. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et ferme ma bouche, jusque-là grande ouverte suite à mon ahurissement.

– Vous êtes sérieux là ? m'offusqué-je.

Le regard déterminé du major Erwin trahit la gravité de la situation actuelle.

– On ne peut plus sérieux, Rose. Tu étais très proche de Reiner avant sa trahison, il est normal qu'on te soupçonne.

En y réfléchissant bien, ils ont bien raison d'avoir des soupçons sur moi puisque je ne suis pas dans leur camp mais, pour le coup, leurs accusations sont totalement infondées. Oui, j'étais plutôt proche de Reiner, mais pourquoi cette proximité doit forcément m'incriminer ? Je décide de sortir mon meilleur jeu d'acteur pour feindre d'être outrée.

– Armin et Mikasa sont très proches d'Eren, pourtant vous ne les avez jamais soupçonnés. Je vous avoue que je suis un peu vexée que vous ne me fassiez pas confiance, m'apitoyé-je.

– Oh tu es vexée, pauvre petite chérie, se moque le caporal.

Non mais quel enfoiré celui-là ! Je serre les poings de colère avant de grimacer et de regretter amèrement mon geste à cause de mes blessures.

– Livaï, ça suffit ! Si tu continues, tu sors, gronde Erwin.

Je ricane discrètement et récolte un regard noir de la part du gnome. En même temps, il l'a bien cherché. Il n'avait qu'à pas ouvrir sa grande gueule dans le vent. Le major Erwin, après avoir fusillé du regard son caporal, se reconcentre sur moi. Il pose sa tête sur ses mains et me dévisage avec attention. Son regard scrutateur me met extrêmement mal à l'aise, je me sens prise au dépourvu et j'ai l'impression qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert.

– Et si tu nous racontais ce qu'il s'est passé ce jour-là ? reprend-il sur un ton plus doux. Ça nous éclairerait peut-être.

Je hoche faiblement la tête et me racle la gorge. Il faut que je fasse bien attention à ce que je dis pour ne pas éveiller leurs soupçons. Les deux hommes vont scruter mes moindres faits et gestes, chaque moment d'hésitation, chacune de mes réactions. Je vais devoir faire bien attention à ce que mon langage corporel ne me trahisse pas. Fort heureusement, les bandages sur mon visage masquent une grande partie de mes réactions.

– J'étais avec Reiner dans le cortège qui traversait Stohess, entamé-je. Je me souviens qu'il y avait de la tension dans l'air, on entendait des bruits de canons et de puissants cris. On a même vu deux éclairs de lumière vive.

Je marque une pause pour reprendre mon souffle et toussote légèrement. Ma gorge meurtrie par les flammes est desséchée d'avoir tant parlé. Le major Erwin perçoit mon mal-être et fait signe au caporal d'aller me chercher un verre d'eau. Ce dernier s'exécute en bougonnant et renverse un peu d'eau sur moi en me tendant mon verre. Enfoiré, je suis certaine qu'il l'a fait exprès. Je le remercie à contrecœur et vide mon verre d'une traite avant de le lui tendre pour qu'il aille le remplir à nouveau, tout en lui lançant un sourire hypocrite.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant