L'Auvergne-Rhône-Alpes se décline de ses couleurs printanières depuis le début du mois d'avril. Les fleurs de saison recouvrent toute la plaine, la verdure est chatoyante et agréable. Le temps superbe se prête à merveille pour une randonnée et d'autres activités d'extérieurs comme le cheval et le tir à l'arc. Cependant, pas très loin de Margencel, derrière une montagne, un petit troupeau de vaches laitières cheminent, guidées par ma chienne, Illinois.
Quel délice, cette fraîcheur.
Équipé de mon chapeau de paille, c'est embrassé par la chaleur du soleil que je ramène une partie de mon troupeau à l'étable. Encore éloigné de mon exploitation, je traîne les pieds car c'est le moment que je préfère de la journée. Une randonnée toute simple pour jeter un œil furtif autour de moi. Dans ce petit village, malgré le temps qui passe et l'avancée de la technologie, peu de choses changent. On croise les mêmes personnes, les mêmes cultures ou jardins, les mêmes commerces et surtout la même vue. La moindre nouveauté dans ce décor est considérée avec la plus grande attention.
Ma chienne s'amuse, elle adore courir dans l'herbe.
Le vent qui souffle menace d'emporter mon chapeau, je souris comme un imbécile heureux. C'est si banal, mais un grand moment de détente pour moi. On est loin de ma jeunesse où je tenais ces instants pour acquis. À quarante-cinq ans, taillé par l'âge et le travail acharné, c'est aussi robuste qu'un roc que je dirige mes bêtes. Ma peau ambrée reprend vie sous ce temps splendide. J'ôte mon couvre chef pour gominer mes cheveux mi-long qui me tombe sur la nuque. Pas le temps d'aller chez un coiffeur.
Illinois aboie, quelqu'un approche. Attentif, un vombrissement de voiture m'interpelle, je le reconnais sur mille. Une camionnette vient dans notre direction, je suis soulagé de la croiser. Elle se gare à côté de moi, un blond à la fine moustache derrière le volant.
— Bonjour, Rome ! Encore entrain de profiter du soleil ?
Qui peut résister à un sourire aussi étincelant ?
— Je n'ai que ça à faire. Déjà de retour du Salon ?
— Oui, je t'apporte deux nouvelles trayeuses. J'ai vérifié, elles sont neuves.
— Tu me rassures. La salle de traite est dysfonctionnelle depuis hier matin, Xavier est fou de rage. Il n'est pas fan de notre vieille trayeuse. Je l'ai laissé en train de ruminer à l'étable. Il ne pourra jamais maîtriser sa colère, j'espère que les autres vont supporter son humeur massacrante.
— Eh ben, c'est Margot qui mérite tout le respect. Elle l'a épousé, rigole-t-il. Tu veux que je donne une nouvelle à mon arrivée ? Tu sais qu'il ne suit que tes ordres.
— Pas besoin, ils vont encore me traiter de despote. Je ne sais pas ce qu'ils ont tous à me prendre pour un tyran, je suis adorable, bon sang. Regarde moi ce visage d'ange, dis-je avec ironie.
Yanis éclate de rire. Je l'écoute en profitant de sa voix reposante, ce grand moqueur. Je ne le retiens pas plus que ça et l'intime d'aller calmer mon beau-frère avant que ça ne dégénère de l'autre côté. Laissant derrière lui un nuage de poussière, un sourire m'étire les traits quand il disparaît de mon champs de vision. Xavier Canteloup mon éleveur et Yanis Picard mon comptable, tous deux de ma tranche d'âge, sont de très bons amis. J'ai ressuscité la ferme avec eux. Un trio inséparable qui s'est formé et solidifié au bout de vingt ans, je dois tout à ces hommes.
Je viens de loin.
Ce n'est pas le moment de tergiverser, je dois rentrer.
— Mesdames, on ne traîne pas.
Illinois remue la queue à mes pieds.
— Toi aussi, ma toute belle, Ranger t'attend.
Mon assistante personnelle aboie d'excitation, elle adore son partenaire. Il y en a au-moins un de nous deux qui va s'amuser à notre retour.
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L.T.D.B.C (M/M)
RomanceRome, gay affirmé, est un quadragénaire producteur de lait en Auvergne. Très investi dans sa ferme, il se donne corps et âme pour son exploitation familiale florissante, sa famille de cœur et ses employés, au point d'en oublier sa vie sentimentale...