— Solal, calme toi.
— Je suis calme, grogne-t-il le regard meurtrier.
Il me fait presque peur, mais je le fixe droit dans les yeux.
— Alors pourquoi tu m'as demandé dans quelle clinique il séjourne ? Et c'est quoi cette tête de tueur en série ?
— C'est la tête que je fais tous les jours. Je voulais juste m'assurer qu'il est au bon endroit... avant que je l'achève, marmonne-t-il la suite en pensant que je ne l'entendrais pas.
Exaspéré de sa tentative de se procurer le nom de la clinique, je soupire pour la énième fois. Solal est assis en tailleur sur son matelas au sol, bras croisés sur son torse dénudé et la mine furieuse. La colère le rend méconnaissable, ses traits sont hargneux et sa mâchoire crispée. Il est emporté par ses émotions et refuse de se calmer. J'ai un arrière goût très amer en le voyant ainsi, ça détonne avec sa mimique habituelle. Ses yeux sont dépourvus d'âme.
Pourquoi se sent-il si concerné ?
Il se lève.
— Je suis déboussolé, dit-il. Comment tu as fait pour supporter ça ? Surtout que lui vivait paisiblement à quelques mètres ?
Sa voix est très rauque. Je me demande si j'ai bien fait de lui dire. Il paraît hors de lui, malgré le contrôle dont il fait preuve.
— Si tu veux tout savoir, ça devenait insupportable quand j'ai atteint la vingtaine. Je voulais vivre des histoires de cœur et avoir une idylle avec des gars qui me plaisent. J'étais rêveur. Cependant il était toujours là dans mes pensées. J'ai même fini par me dire que peut-être j'étais tombé amoureux de lui. Ça me permettait en en effet de ne plus prendre le sexe comme un poids et même de tolérer ses mains sur moi. C'était devenu une relation consentante en quelques sortes. Si à mes vingt-cinq ans quelqu'un me demandait à quoi correspond ma relation avec lui, j'aurais facilement dit : Je le veux. Mais au décès de mon père, tout s'est remis en place, car je savais que le calvaire n'était pas terminé et que je devais encore cautionner tout cela. Je me sens sale.
Je resserre la ceinture du peignoir. J'ai mis du temps à arrêter de me dégoûter quand je fixais mon reflet dans un miroir. Je me frottais agressivement le corps sous la douche au point d'irriter ma peau, c'était un rituel après chaque séance avec lui.
— Tu n'es pas sale, ne redis plus jamais ça, s'il te plait.
Il me prend le menton de deux doigts pour que je lui fasse face.
— La seule ordure c'est lui. Tu es un ange à qui il a volé des ailes.
Mon coeur fait un bond. Je me détache très vite de son regard intense.
— Ne dis pas ce genre de choses. Je ne suis pas un ange, c'est ridicule. On dit ce genre de conneries à des minets, pas à des vieux morceaux comme moi.
Son pousse trace le contour de ma mâchoire.
— Malheureusement pour toi, j'ai de bons yeux.
Cramoisi, je frappe violemment sa main pour qu'il ne me voit pas dans cet état. Il interprète mal ma réaction.
— Je suis désolé. C'est juste...
J'exerce une pression sur son bras lorsqu'il reprend sa mine farouche.
— Je sais que tu n'essais pas d'être irrespectueux. S'il te plait calme toi, tu me stress en étant aussi Nerveux. Je ne t'ai pas raconté ça pour que tu tentes de me venger. Je n'ai pas besoin de ça actuellement, j'ai juste besoin que tu m'écoutes.
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L.T.D.B.C (M/M)
Roman d'amourRome, gay affirmé, est un quadragénaire producteur de lait en Auvergne. Très investi dans sa ferme, il se donne corps et âme pour son exploitation familiale florissante, sa famille de cœur et ses employés, au point d'en oublier sa vie sentimentale...