🌼 Chapitre 2 🐄

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Il est quatre heure du matin. Le réveil est rapide, mon corps est conditionné depuis des années. Mes cheveux châtains me mangent le visage, ma visibilité en est réduite, pourtant je déambule savamment dans ma chambre, à la recherche de mes vêtements de travail et mes bottes. La routine a de plus avantageux que tous les gestes deviennent mécanique.

Mes danois dorment sur mon lit, depuis leur enfance je n'ai pas réussi à leur ôter cette habitude. Ma sœur dit que mes bébés compensent ce vide très froid à côté de moi. Que le jour où quelqu'un réchauffera les draps, ça changera tout.

N'importe quoi.

D'une petite caresse sur leur flanc en guise de bonjour, je sors de ma cabane en direction de notre petite fabrique à fromage maison. Et oui, depuis deux ans nous transformons nous-mêmes une petite partie de notre production pour en faire du lait pasteurisé et du fromage. J'ai eu cette idée à la suite d'une pénurie de Gaperon dont je raffole tant, j'étais si avide que j'aie suivi une formation juste pour en produire à titre personnel. Dès que quelques habitants férus de ce bon fromage auvergnat ont su où en trouver, mon côté homme d'affaires a pris le dessus. J'ai lancé cette nouvelle activité sans l'accord de Yanis. Il a vu rouge, il déteste les dépenses imprévues. Comptable ? D'accord, mais parfois il me fait flipper à refuser qu'on se serve dans le capital, il y tient encore plus qu'à son couple.

C'est exactement pour ça que nous lui avons confié ce poste. Nous n'avions pas prévu que Picsou le possède si vite.

En tant que végétarien, je consomme beaucoup de légumes, de poissons et de produits laitiers, alors une décision importante a été prise au sein des Haier : Changer d'activité principal. Un éleveur qui ne consomme pas la viande qu'il vend ça passe mal pour n'importe qui, je l'ai compris bien assez vite. Je ne pouvais pas toujours compter sur Xavier et les autres pour veiller à la qualité de nos produits, c'était inhabituel et non professionnel à mes yeux. Pour y arriver, j'avais besoin d'en savoir un minimum et Xavier était l'homme parfait pour ça.

À l'époque, c'était un de mes camarades de promotion, il était en recherche d'emploi quand j'ai fini par avoir une petite part restante de l'exploitation bovine. Xavier m'a contacté un jour pour avoir de mes nouvelles après des mois de silence. Au bout du fil, il a compris. Je n'ai dit aucun mot, rien. Je pleurais.

J'étais effondré.

Entendre la voix d'un ami après une longue solitude et la misère a été un choc. Je n'arrivais pas à croire que j'avais laissé une autre vie ailleurs pour ça. Je devais être rassuré, accompagné, calmé, mais je rejetais tout le monde autour de moi. Je me faisais du mal malgré les tentatives de ma mère pour me consoler, c'était horrible. La voix de Xavier s'est faite comme un déclic, une sonnette d'alarme.

Il m'a raccroché au nez. J'ai essayé de l'appeler plusieurs fois, rien. Je pensais qu'il était mal à l'aise à cause de ma réaction, la vérité était tout autre. Il a pris le volant la nuit même et deux jours plus tard il était ici, dans ma région, avec moi. Je croyais rêver ; un garçon pour qui j'étais une simple connaissance sans plus qui faisait des kilomètres juste pour me voir ? C'était de la folie pure ! Dès que ce fou est sorti du petit véhicule qui l'avait mené à moi, nous n'avions échangé aucun mot qu'il m'avait déjà soulevé la bride et annoncé d'une voix enjouée :

- ON VA TOUT RECOMMENCER À ZÉRO !

C'était ridicule que quelqu'un vienne me dire l'évidence, mais c'était si bon de l'entendre ! Si bon de voir un nouveau visage ! Si bon d'être bousculé !

Le souvenir me noue encore l'estomac, aujourd'hui l'émotion est toujours si grande. Au lieu de pleurer ou de crier, j'ai ri. Ça faisait un bien fou d'éclater un bon rire qui vient de l'intérieur et pas juste pour me voiler la face. Je me sentais hyper bien dans ma peau. Je riais tellement fort, que ma sœur et ma mère ont fini par m'accompagner. Elles n'ont pas su quoi faire d'autre et je pense que c'était mieux ainsi.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant