Épilogue

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— Tu as pu les avoir ? Tout est prêt ? demandé-je très nerveux.

Mon mari s'installe à côté de moi sur le siège arrière de la limousine. Il est très élégant dans son costume, surtout avec ses cheveux très longs attachés en queue de cheval. Les seules marques du temps sur son visage sont les ridules qui se manifestent autour de ses yeux quand il sourit.

— Ça m'amuse que tu sois si nerveux, après quelques années. Je sais que c'est un grand jour pour toi, mais tu n'as rien à craindre.

Il dit ça parce qu'il n'est pas dans ma peau en ce moment.

— Oui des années, mais c'est la première fois que je le ferai devant mes proches et les habitants du village.

Je suis mort de fatigue, je n'ai pas cessé de répéter mon discours, encore et encore, pour être sûr que le message que je veux délivrer passe. Jun ajuste le col de ma chemise en me disant de respirer un grand coup, qu'il est là et que tout ira bien.

— Appa a raison, tu stresses beaucoup, me dit Hyun-Ae derrière ses grands yeux noirs. Tu as sûrement besoin de... de...

Elle fixe son portrait craché parce qu'elle a dû oublier son texte. Jun precise «vacances», et elle continue :

— Oui, comme Appa dit ! On veut des vacances !

J'arque un sourcil.

— D'accord avec elle, ajoute son frère Lucas derrière ses grosses lunettes. Tu vas cartonner ! Mais on peut aller aux Maldives cette fois ?

— Non, répondons-nous fermement à notre grand qui se met à rouspéter.

Nos enfants, respectivement de quatre et dix ans, nous font face, bien attachés à leurs ceintures de sécurité. Ils applaudissent au final en disant que je suis leur héros. Je sais que c'est un coup monté de leur père.

— Tae ?

— Quoi ? Se sont tes premiers fans, je n'ai rien fait !

Il se lance dans un grand monologue sur la météo pour changer de sujet, je soupire. Que ferais-je de lui ?

À quarante-trois ans on s'imagine qu'il a arrêté ses magouilles, mais non, mon très cher époux continue de comploter dans mon dos. Maintenant il mélange nos enfants à cela.

Après huit ans de vie commune, dont sept ans et deux mois de mariage, je suis un mari et père comblé. Lucas, notre fils adoptif, est arrivé dans nos vies il y a six ans, sa petite sœur est arrivée juste après par insémination. À la base, Jun ne voulait pas donner ses semences parce qu'il ne voulait pas offrir l'enfance discriminante qu'il a vécu à notre enfant. Pourtant je voyais dans ses yeux que c'était un rêve qu'il aspirait sans oser le concrétiser. Bien que j'étais censé devenir le père naturel de toute notre progéniture, j'ai réussi à le convaincre. Je suis très heureux que notre jolie petite fille ait reçu une grande majorité de ses gènes, dont son intelligence et sa sagesse, sans oublier cette grande ressemblance physique, sauf qu'elle est plus claire.

Sa seule fossette à la joue gauche me fait toujours fondre.

Je suis chanceux !

Nous attendons un troisième enfant, le mien. Je suis si excité et pressé de pouvoir retrouver la merveilleuse femme qui la porte pour nous aux États-Unis. Elle est à huit mois de grossesse, donc je suis toujours sur le qui vive quand je vois son numéro s'afficher à l'écran. L'échographie parle d'un garçon, un merveilleux cadeau qui agrandira notre petite famille. Alors j'ai décidé qu'il s'appellera Christ, pour le diminutif de Christophe.

Pour toi, papa.

Mais pour l'instant, ce n'est pas ça qui m'angoisse.

J'observe le paysage qui défile en inspirant, pour puiser la force du terroir qui va m'aider à affronter la suite.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant