— Que penses-tu de cette chemise ?
— Non, mais c'est quoi cette couleur ? Il a pissé dessus ? Il n'y a pas mieux ?
— Arrêtez de critiquer ma garde robe ! m'enervé-je. Et pour ta gouverne, Xavier, c'est ma plus belle chemise !
J'arrache ma chemise mauve des mains de Yanis.
— Ce goudron ? Une chemise préférée ? Si je suis Jean je paye l'addition tout de suite et je rentre chez moi.
Yanis explose de rire.
Ces dégénérés me foutent la honte. Nous sommes devant mon maigre dressing constitué pour l'essentiel de Jeans et de tenues pour le travail. Je ne fais jamais de shopping, je n'en vois aucune utilité. La seule chose potable que j'aie, je l'ai mise le jour du premier rendez-vous. Je suis censé le retrouver ce soir pour un dîner, je n'ai plus rien à me mettre. Je ne suis pas un dandy aussi, faut pas me parler fashion.
— Franchement, il te faut une nouvelle garde robe. Tu n'as aucun smoking ici, remarque le blond.
— Si, dans la mallette.
— Il a dit smoking, pas ta tenue de dernière année d'université pour la remise de diplôme. Allô, on se bouge !
— Tu vas arrêter de m'insulter ? Je n'y peux rien si je n'ai pas eu le temps de m'acheter des trucs.
Il se claque le visage, tandis que son acolyte est sur le point de s'effondrer de rire. Les chiens dorment sur le lit, indifférents à notre conversation.
— Tu as eu UNE SEMAINE !
— Calme toi, mon ami, c'est juste Rome qui nous fait son Rome, pas besoin de t'énerver.
Le brun souffle un grand coup, il n'obtiendra rien de moi avec la violence.
— Bien. Récapitulons depuis le début. Jean va un peu mieux depuis l'incident, donc pour lui demander des excuses et faire table rase du passé tu l'as invité au restaurant en ville.
— Non, non, non, je t'arrête. Je voulais l'inviter à un picnic tranquille pour qu'on prenne de l'air frais. C'est Yanis qui a trouvé que c'était ridicule, qui m'a piqué mon portable et qui a écrit «restaurant chic» dans le message qu'il a envoyé ! Je n'aime pas ces lieux mondains.
— Désolé d'intervenir dans votre stupide discussion, mais on parle d'un homme qui touche un salaire à quatre chiffres. Tu lui dois un rendez-vous du tonnerre pour qu'il daigne oublier le coup du sabot. C'est de ta faute.
— C'est celle des deux chèvres avec qui il bossait !
— Que tu as laissé sans surveillance, enfonce Xavier. Je crois bien que c'était à toi de gérer la situation, mais tu ne l'as pas fait, puis il n'y aucune preuve qu'ils sont coupables de quoi que ce soit. Même le concerné ne souvient de rien, trois jours de mal de crâne c'est quelque chose.
C'est eux, je le sais ! Pas besoin de boule magique pour le prouver. Je ne sais pas lequel, mais l'un d'entre eux ! Franchement, Jean m'énerve un peu. Comment il a pu être aussi négligeant et se mettre sur la ligne directe avec les pattes de l'animal.
— En attendant, je ne sais pas quoi me mettre. Vous pensez qu'il est trop tard pour annuler ?
— Oui. J'ai déjà réservé, ricane le blond moustachu. Il t'attend à vingt heure devant chez lui.
Je soupire, effaré par toute cette traîtrise. Je me laisse tomber dans mon lit.
Troisième rendez-vous déjà, c'est un record. Est-ce le destin qui me dit ouvertement que c'est lui qu'il me faut ?
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L.T.D.B.C (M/M)
RomanceRome, gay affirmé, est un quadragénaire producteur de lait en Auvergne. Très investi dans sa ferme, il se donne corps et âme pour son exploitation familiale florissante, sa famille de cœur et ses employés, au point d'en oublier sa vie sentimentale...
