🌸 Chapitre 43 🐄

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— Tu n'arrives pas à dormir ? énonce l'homme qui partage mon lit.

Sa main fraîche sentant le savon lisse ma chevelure encore humide, avant de s'éloigner.

Plongé dans l'obscurité, mes yeux sont ouverts face au néant. Incapable d'oublier les dernières heures, je rejoue la scène de ce matin en boucle. L'arrivée des policiers, le regard perdu de mes semblables, cette déchéance. Une dégringolade sans aucune accroche à laquelle m'appuyer. Je ne peux oublier.

Le corps allongé derrière bouge dans ma direction. Je deviens très nerveux. Je ferme les yeux, le souffle retenu par anticipation. Solal ne me touche pas. Étonné, je bats des cils. Je le sens très près, sa respiration à ma portée, mais il ne me touche pas.

Je suis légèrement déçu.

— Tu penses encore à ce matin ? dit-il.

— Oui, avoué-je.

— Tu veux encore en parler ?

— Non.

Je soupire las.

— Pourquoi ne dors-tu pas ? questionné-je à mon tour.

Je le sens bouger de nouveau. Il s'ajuste et fait grincer mon lit.

— Je suis dans une impasse qui me fait réfléchir en permanence.

Un contact électrique me frise de partout. Il vient de me parler à l'oreille, il est bien trop près. Toutefois il ne pose toujours pas ses mains sur moi. Touché ou pas, sa présence ne me laisse pas indifférent.

— Sur quel sujet ?

— C'est par rapport à un ami proche. En ce moment il est plongé dans la tourmente jusqu'au cou, je suis malheureusement la seule personne capable de lui venir en aide.

— Ça veut dire que tu t'en vas déjà ?

Je serre les poings sur mon oreiller.

— Rien de tel, rassure toi... pas pour maintenant.

La tension retombe brusquement, je suis bien plus que soulagé.

— J'ai le moyen de le sortir de tous ces problèmes, c'est vrai, mais il ne le sait pas. Je suis capable d'arranger sa situation rien qu'en claquant les doigts, cependant, je sais que si je le fais il va m'en vouloir.

Cette histoire est très tordue.

— T'en vouloir pourquoi ?

— Il est buté, indépendant, centré sur ses opinions et ses principes. Il a une sainte horreur qu'on se mêle de ses affaires, ce qui explique que lui-même soit une personne qui intériorise tout de peur de vexer ou de choquer ceux qui l'entourent. Depuis qu'on se connaît il m'a laissé la porte de son coeur que quelques fois, mais entre nous, ça ne me suffit plus. Je veux être une oreille et une épaule pour lui, un gardien qui ne quittera jamais ses côtés, la personne avec qui il se sentira toujours en sécurité. Malheureusement, j'avoue lui avoir caché quelque chose de très important qui expliquerait pourquoi si je l'aide, il va me détester. Je ne sais pas quoi faire.

Cette personne me rappelle quelqu'un. Est-ce qu'il m'aime bien parce que je ressemble à son ami ?

— Si vous êtes amis il ne devrait pas t'en vouloir. C'est grotesque. Si tu as vraiment les moyens de le sortir de la panade, fais le.

— Tu le penses vraiment ? Quitte à briser notre amitié ? Car l'aider m'obligerait à lui dire la vérité sur le secret, et je crains de le pousser à nouveau dans sa monotonie contre laquelle il se bat depuis quelques temps. C'est une très belle personne que j'admire profondément. Parfois je me perds à rêvasser en me demandant ce qu'il adviendrait si je décide de plaquer tout ce que je connais pour lui. De dire Adieu à qui je suis, juste pour lui, murmure-t-il la dernière phrase.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant