🌸 Chapitre 45 🐄

664 92 65
                                    

Solal se lève d'un bond, absorbé par ses pensées. Est-ce l'idée de vivre avec moi qui le tourmente ainsi ?

Je sais que ma demande est prématurée et qu'il doit avoir peur de se lancer aussi vite dans une telle relation, mais je ne pouvais me résoudre à le laisser me quitter sans essayer quelque chose. Sans tenter ma chance, pour une fois.

Juste pour cette fois.

Tout ce que j'ai dit est vrai, je ne peux plus reculer à présent. Au-delà des montagnes, d'où il vient, il a sûrement de la famille et des amis qui l'attendent. Il doit se demander si les laisser derrière lui en vaut la peine.

Ma proposition est si utopique.

Je sais que je ne suis plus tout jeune et que je n'ai jamais cessé d'être un poids pour lui depuis son arrivée ici, mais une part de moi, une infime partie de l'espoir qui me porte encore à bout de bras, souhaite infiniment qu'il accepte. J'ai l'impression qu'il détient mon cœur entre ses mains et que s'il décide de me le broyer, alors je périrai.

— Tu as encore du temps pour réfléchir, ne t'inquiètes pas. Je peux attendre. Viens là.

Je tends le bras et attrape le sien, il se braque. Je sens toute sa nervosité à ses épaules hautes et tendues. Sa réaction commence à me faire peur, mais je refuse de me laisser envelopper par mes idées noires, il n'a encore rien dit.

— J'aurai tellement aimé que tu ne dises rien.

Ma poitrine fait un bond à l'entente de ses mots. Solal ne me regarde toujours pas, ses yeux braqués dans l'espace sombre de la pièce.

— Je ne comprends pas, avoué-je.

Tout d'un coup, de sa seconde main il recouvre la mienne, qu'il presse. Sa poigne est ferme, on dirait qu'il ne veut plus me lâcher. La tension et les veines qui dessinent son bras m'impressionnent.

Le coréano me lâche soudain et frappe sa paume contre le mur. Je ne comprends plus rien.

— Si seulement tu l'avais gardé pour toi, Rome.

— Dis-moi ce qui te prend, Solal. Je suis confus.

Ce dernier repose son front contre sa main collée au mur. Il y a un air de drame dans ses gestes qui m'interpellent. Essaie-t-il de me faire une de ses farces dont il a le secret ?

— Quel homme sain d'esprit ne reverrait pas d'entendre une telle déclaration venant de toi, mon amour ?

Mon amour ?

Une montée lente de chaleur me parvient aux joues. Bien que la situation et ses mots me sont indéchiffrable, je ne peux dissimuler mon sourire.

— Quand tout ceci n'était qu'un rêve pour moi, je désirais tout. Avoir ton attention, pouvoir te toucher, pouvoir sentir ton corps contre le mien. C'était tout. C'était ce à quoi je n'arrêtais pas de penser dans l'obscurité de ma chambre. Tel un chasseur, j'étais obnubilé par une proie qui m'était interdite. Je n'en dormais presque plus. Je suis bien loin du prince charmant que tu t'imagines.

Si je comprends bien, il était juste attiré par mon physique, comme l'imaginait Yanis. Ma poitrine s'atrophie, je peine à accepter ce que j'entends.

— Mais au fil des semaines, ce que je pensais n'être qu'une simple attirance a vite dépassé mon propre entendement.

Hum ?

— Les choses les plus triviales, les gestes les plus banales, d'un simple boujour à une simple présence, tout est devenu une obsession. Un besoin urgent à assouvir. Te voir au levé du jour était primordial, quand je ne te voyais pas je me sentais comme inachevé, presque perdu et désintéressé par ce qui m'entourait. Je n'en revenais pas moi-même. Entendre ton rire quand tu discutes avec les tiens, apercevoir ton sourire timide quand je te taquine, être l'objet de tes sauts d'humeur, chaque minute passé à observer les divers mimiques de ton visage et essayer de décoder chacune de tes barrières à travers elles, jamais ça ne m'était arrivé auparavant. Choisir d'être celui que tu verrais chaque soir avant de rentrer te coucher en espérant que cela te pousse à penser à moi et rien d'autres dans ton sommeil. Jamais je n'ai eu autant envie de discuter avec une personne comme je l'ai fait avec toi. Jamais je n'ai été aussi tourmenté par mes émotions face à la tristesse et la mélancolie de quelqu'un d'autre. Loin de tes grands yeux encore plein de naïveté, je découvrais la personne. L'adolescent meurtri, le frère et le fils dévoué, l'ami loyal et indéfectible, et surtout le mal aimé.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant