🌸 Chapitre 26 🐄

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Le chant des cigales ne couvre pas le voile de la peine et de la déchirure qui nous recouvre, Marguerite et moi. Enfermés à double tour dans mon havre de paix très loin de tous, les larmes qui dévalent ma joue emportent avec elles de longues heures d'agonie où j'ai dû faire face à ma honte.

Parler de cette sinistre histoire a fait ressurgir encore d'autres souvenirs douloureux. Tout était si réel, si palpable, si effroyable, que ma crise s'est déclenchée. Ma sœur m'a vu dans ma position la plus vulnérable.

Rome Haier l'adolescent blessé et torturé, non Rome Haier son frère aîné adulte et responsable.

Ainsi je me suis livré à ma propre sentence.

J'ai livré ma tête et mon secret à la vue du soleil.

Enfin c'est fait.

Cette partie est faite.

Marguerite ne dit rien, seul un sanglot s'échappe ci et là. Je suis nauséeux, effrayé, j'ai peur de ses mots, de ce qu'elle voudra et ne voudra pas me dire.

Mes yeux humides ne demandent qu'à s'exprimer encore, mais je ne peux me le permettre actuellement.

— Dix-huit ans, frissonne-t-elle.

Je déglutis en frottant mes yeux du revers de la main. Ma manche agresse mes paupières rougeâtre

— Dix-huit ans, Rome.

Elle se lève de mon lit et va vers la fenêtre du côté opposé, traînant ses pieds comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Le silence me pèse.

— Dix-huit ans que tu as subi des atrocités en silence.

Mes mains croisées ensembles sont tremblantes.

— Je suis là depuis tout ce temps et je n'ai rien vu... J'ai...

— Tu ne pouvais pas savoir.

— Tu as gardé ça pour toi. Et Xavier ? Yanis ? Maman ?

— Tu es la seule, Margot. Pour l'instant.

Un fracas me fait sursauter, elle frappe contre mur, complètement bouleversée.

— JE VEUX UN NOM ! hurle-t-elle.

Ainsi voilà ma limite. Tout lui dire, mais ne pas lui donner de nom et d'indications directes.

— Tu n'as pas le droit de me faire ça ! Je veux connaître son nom ! Tu as doit à une justice !

Je me cache le visage dans les mains, les larmes reprennent. Tout mais pas ça, j'ai encore besoin de temps.

— Rome...

Elle accourt à mes côtés et me serre dans ses bras. J'ai vidé mon sac, mais ne me demande pas ça s'il te plait.

S'il te plait.

— Oh Romy. Pourquoi ? Pourquoi ? Tu pouvais venir me dire ça il y a des années, je t'aurais aidé.

— Je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas...

Je me rhabille très rapidement pour rentrer à la maison. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Marguerite, elle aura dix-neuf ans. Ma mère cuisine un somptueux festin pour le coup, je ne veux pas arriver en retard. Je suis arrivé au village cet après-midi, mais ma mère l'avait annoncé à tout le monde, alors Sam m'a ordonné de passer le voir avant. Bien-sûr il sait que je suis obligé d'obéir.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant