🌼 Chapitre 3 🐄

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— Tu n'es pas sérieuse, Maman.

— Si. Viens-là que je puisse enfin réduire ces longueurs ! Tu as l'air négliger et cette barbe de trois semaines doit disparaître ! Comment tu penses trouver un gentil garçon dans un tel état ?

Elle installe une chaise devant elle, la mine furieuse. Christelle, ma petite brunette au regard amende et la salopette noire, rigole en déposant les ciseaux à côté de sa mamie. Sa sœur me pousse à l'arrière de toute ses petites forces pour que je passe enfin à l'échafaud. Carine et les autres filles de la famille ont décidé de me faire un relooking pour je ne sais quelle raison, elles me perdent beaucoup de temps avec ces enfantillages.

— Je dois vous rappeler que je suis attendu ?

— Pas de ça avec nous, tonton Rome, papa a dit qu'il te remplacera ! me gronde la petite en salopette rouge. T'es pas beau a toujours traîné dans la bouse de vache.

Christelle se pince le nez.

— L'odeur est si épouvantable, grimace-t-elle.

Elles me feraient presque rougir ces deux-là ! Je suis l'adulte ici, oui ou non ?

— Vous oubliez que vos parents font la même chose ?

— Eux au-moins ils sont mariés ! peste ma mère en me pointant la chaise du doigt. Trêve de bavardage, Rome Haier, je suis ta mère et ceci est un ordre !

L'excuse légendaire, c'est la formule magique pour me priver de l'amour maternel à temps voulu, je n'ai pas honte d'avouer que j'en ai besoin. Lorsque je prends place, les drôles de dames crient victoire, je ne retiens pas un rire gutural. Elles me font trop rire. Je passe presqu'une heure sous l'attention aiguisée de ma mère qui m'a préalablement passé au shampooing. Ce n'est pas un travail de pro, mais je ne regrette jamais de me faire tailler les cheveux par elle.

Marie Le Car, de son nom de jeune fille, est la femme la plus importante de ma vie. Sans elle je ne serais pas ici à faire chier tout le monde. Elle était le phare de mon père, j'adorais cette complicité très discrète qui régnait entre eux. Malgré le côté phallocrate de papa, ma mère ne se laissait jamais déborder par son attitude rustre, tout au contraire il pouvait être un vrai tyran avec tout le monde, mais dès qu'il faisait face à sa femme, ses épaules perdaient de leur hauteur. Ça ne veut pas dire qu'il s'étalait, mais il devenait très raisonnable et plus patient. J'enviais cette synergie, ce petit quelque chose qui gisait dans l'air quand ils étaient dans la même pièce, pourtant ne se touchait jamais devant nous. La pudeur de père n'avait pas de limites.

Sa courte chevelure brune qui révèle son visage fin et un peu long démontre bien que ma sœur n'a pas volé sa beauté de n'importe qui. Parfois on nous appelle le petit couple Haier à cause de cette ressemblance frappante avec nos géniteurs, ça me rend fier.

Christelle dessine sur la table à côté et Carine joue dans la cour avec Ranger et Illinois. Ma sœur a trop de chance d'avoir des filles aussi adorables, quand elles ne font pas de bêtises bien-sûr. Alors que je me détends enfin, je vois arriver un de mes clients réguliers.

Laurent entre dans la propriété. C'est un vieux commerçant et ami de ma mère, il est très proche de la famille. Les chiens aboient et je les calme d'un ordre. C'est étrange qu'ils se comportent ainsi, il doit avoir un problème, vu la mine très sérieuse de ce dernier je ne peux que le confirmer. Je somme aux filles de partir jouer avec les chiens un peu plus loin. Ma mère me libère le temps que nous échangeions une ferme poignée de mains.

— Bonjour, Laurent. Que me vaut le plaisir de ta visite ?

Son air grave ne me dit rien de bon.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant