🌼 Chapitre 57 🌸

958 106 52
                                        

La respiration lente, les yeux fuyants, nous n'arrivons pas à nous regarder. Je suis assis sur un tronc et lui sur un rocher de l'autre côté. Il ne faut pas être sorcier pour deviner que tout ceci est une mascarade organisée par nos paires. Ce que je ne comprends pas c'est comment ils ont su qu'il était là et quand est-ce qu'ils ont tout organisé. Est-ce que son frère est complice ? Comment est-ce possible ? J'ai des questions à poser, mais mes lèvres scellées ne savent pas par où commencer. Le simple fait qu'il soit là, au même endroit que moi, à quelques mètres, m'est presqu'irréaliste.

Je jette un œil en coin, il est bel et bien réel. Sa chevelure est un peu plus longue. Il a perdu un peu de poids à première vu. Était-il malade ? Je fuis encore quand ses prunelles croisent les miennes. Tout est si désordonné dans ma tête. Mes doigts entremêlés deviennent le centre de toute mon attention.

— Comment tu vas, Rome ?

Je me tends et serre les mains entre elles. Sa voix si granuleuse s'infiltre par tous mes pores, réveillant le souvenir des premiers jours. La surprise quand il a ouvert la bouche pour la première fois. Je n'arrive pas à contenir la chaleur qu'elle ravive en moi. La dernière fois qu'on s'est vu j'étais une âme blessée et difficile à raviver, pourtant il a quand même du courage de me demander ça.

— Que fais-tu là ?

Je la voulais neutre, mais une sorte d'indignation se mêle à mon intonation. Je me racle la gorge.

— Tu n'es sûrement pas là pour camper.

Tout ce que j'entends c'est un soupire las. Il lance une brindille dans le feu doux. Je me demande bien qui l'a allumé et depuis quand.

— Je suis venu parce que je m'inquiète pour toi.

Je bats des cils sans céder à l'envie de l'observer.

— J'étais à Séoul ce matin quand j'ai appris pour Samuel. Je me suis dépêché de venir m'assurer que tu as tout l'aide qu'il te faut pour...

— Qui t'a dit que j'avais besoin d'aide !? le coupé-je. Tu veux me faire croire que tu étais aussi loin et que tu as décidé de venir me voir ? Tu penses que depuis que tu es parti je me morfonds et que je ne sache plus me défendre ?

— Non, loin de moi cette idée. Jamais cela ne m'a traversé l'esprit. Au contraire.

Sa voix me radoucit.

— Je sais que tu es plus fort que ça. Seulement je veux être présent face à ce qui se passe actuellement. Je ne sais pas si tu as déjà prévu de porter plainte ou si c'est fait, mais qu'à cela ne tienne, je veux te donner tout mon soutien.

— Quel soutien ?

Cette fois je prends mon courage à deux mains pour le fixer. Son visage m'a tellement manqué. C'est encore plus douloureux que je me l'avais imaginé. Je pensais que ça serait facile de passer à autre chose bien que je ne lui en veuille plus, toutefois il est pire de se dire que j'aie envie de bondir d'ici juste pour me retrouver dans la protection de ses bras.

— Tu peux le garder ton soutien, Jun. Je n'en veux pas. Si c'est parce que tu crois que je suis rancunier alors oublie, il n'est plus question de te détester, la vie est trop courte pour que je m'abaisse à ça. Je veux juste que tu me laisses tranquille, c'est tout. Vouloir m'aider est louable, mais pas la peine de te donner autant de mal pour moi, je vais bien et n'ai besoin de rien.

Il détourne la tête, le visage grave. Il ne s'imaginait pas que j'allais lui ouvrir les bras j'espère. Le son des cigales couvre le silence. Il se lève de son rocher et ravive le feu sans rien dire. Je l'observe faire. Puis il pouffe en voyant les sacs de couchage.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant