🌸 Chapitre 34 🐄

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— Rome ? Rome ? Réveille toi, s'il te plait, exige une voix inquiète.

Je grogne, l'insistance de la voix m'extirpe des bras de Morphée. Lorsque j'ouvre enfin les paupières, un faisceau de lumière m'aveugle, ça me brûle la rétine.

— Ash ! Retire ça sous mon nez !

— Désolé, c'était pour m'assurer que tu es bel et bien éveillé.

Mes neurones enfin reconnectées, je papillonne des yeux en observant mon environnement. J'ai la tête qui cogne et le ventre qui crit famine. Il fait noir, la nuit est tombée.

— Heureusement que je suis venu vérifier par ici après avoir cherché partout, tout le monde à la ferme est inquiet. Ça fait deux heures qu'on te cherche. Tu sais l'heure qu'il est ?

La voix rauque de Solal est trop forte pour moi en ce moment, j'ai besoin de silence. Comment il a réussi à se rappeler du chemin qui mène ici ? Avec sa torche, je vois que je porte toujours ma combinaison de travail et mes bottes. À la vue du lac face à moi, les images de mon outting me reviennent trop rapidement. Je fais un malaise car je suis étourdi.

— Tu peux te lever ? Tu m'as l'air pâle. Qu'est-ce qui te prend de disparaître ainsi sans prévenir ta famille ? Xavier est comme un ours en ce moment. Il a fait le tour de toutes vos connaissances pour te retrouver et il hurle sur tout le monde.

— Pourquoi tu as pensé que je serais ici ? le coupé-je.

Ma voix lasse encore engourdie par le sommeil doit le surprendre, car il se radoucit. Je suis trop épuisé.

Solal se calme enfin, je pense qu'il a compris que ça ne sert à rien de s'echauffer avec moi.

— Je n'ai pas trop réfléchi. Tu as dis que c'était un endroit où tu aimais aller quand tu étais gosse, j'ai misé sur cette certitude. Je me suis rappelé de la sérénité de cet endroit, alors je me suis dit que si j'avais envie de me libérer la tête, je viendrais forcément ici.

Sa tirade me vole un sourire. Moi qui pensais me cacher. L'humidité sous mes fesses est désagréable, cependant je suis plus à l'aise ici qu'à la maison. La compagnie des moustiques est la cerise sur le gâteau. J'ai des piqûres partout.

— Il faut rentrer maintenant, dit-il. Tu as besoin d'un bain chaud et d'un bon plat.

Il me prend la main pour m'aider à me lever, seulement, tout est inerte. Je suis un amas de pierres impossible à bouger.

— Je ne veux pas renter.

— Pardon ?

— Tu m'as entendu, dis-je calmement. Je ne veux pas rentrer à la maison ce soir.

— Pourquoi ?

L'odeur de mucus qui sature l'air interfère avec le parfum lavande qu'il dégage, cette odeur devenue si familière et rassurante que je recherche chez lui chaque fois qu'il est à mes côtés. Mon instinct anime mes gestes tandis que le désespoir ravive la douleur des dernières heures. Je suis guidé à la fois par la colère et la peine, j'empoigne son col avec fermeté. Épris d'une souffrance qui s'amplifie de minutes en minutes, je l'oblige à me regarder dans les yeux. Solal n'est pas la source de mon chagrin, mais je lui en veux ! Je lui en veux de m'avoir boosté ainsi. Je lui en veux de m'avoir dit toutes ces belles choses sur le fait de se confier ou d'affronter ses démons.

C'est de sa faute ! Sa faute !

— Tu m'avais dit que parler me soulagerait, alors pourquoi j'ai encore si mal ?

Très mal.

Confus, il penche la tête de côté avec inquiétude.

— Pardon ?

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant