Face à Face avec Jean, un sourire trône sur mon visage.
Il s'est fait beau ce soir, il rit parfois de ses anecdotes, il me montre quelques photos de Benji, il ne perd pas son sourire franc, dommage que je ne sois pas attentif à cent pour cent.
Je suis encore focalisé sur la crise d'angoisse de cet après-midi. Ça faisait si longtemps que ce n'était pas arrivé. Il a suffi d'une seule présence pour que je perde mon sang froid.
Est-ce que je vais pouvoir supporter ça encore longtemps ? Vais-je devoir me cacher de lui maintenant ?
Encore plus troublant, c'est la gentillesse et discrétion dont à fait preuve Solal. Il ne m'a posé aucune question jusqu'à ce que ma crise passe. Je ne comprends pas cet homme. Il pouvait profiter de la situation à son avantage, surtout lorsque je lui ai demandé de garder cela pour lui, d'une mine inquiète. Sa seule réponse a été de m'aider à me lever puis de me faire assoir sur le lit.
— Tu dois avoir faim. Je vais demander à la cuisine s'il y a des fruits et légumes pour toi.
Se soucier de mon ventre alors que je me suis donné en spectacle devant lui ?
Je pensais qu'il ne reviendrait pas vu le temps qu'il a mis, mais il s'est ramené avec un bol de légumes vapeur qu'il a fait lui-même.
— Je ne suis pas fan, mais j'ai remarqué que ta mère en fait parfois pour toi. Désolé si les brocolis sont trop cuits, j'ai toujours eu du mal avec la cuisson. Mais je promets que je sais faire des plats succulents.
Un Solal derrière les fourneaux ? Je ne l'aurais pas cru si on me l'avait dit. J'ai hésité avant d'accepter, mais son sourire bienveillant et un de ses doigts ébouillanté, ont eu raison de ma crainte. Il a mis du sien dans ce geste. Il m'a tenu compagnie en me posant des questions sur ma cabane, la déco, c'était plus une façon de meubler le silence pendant que je mangeais qu'une vraie conversation. Pas une fois il a été irrespectueux, pas une fois il a lancé une de ses blagues de mauvais goût, pas une fois il ne m'a donné l'impression d'être une bête de foire. Il a été agréable du bout en bout.
— Tu devrais te reposer à présent.
— Pourquoi tu fais ça ?
Il a l'air surpris de ma question, je fuis son regard.
— Comment tu as su que j'étais... que j'avais besoin d'aide ?
— Je n'ai rien deviné du tout. Je t'ai vu courir pour rejoindre la cabane, j'ai trouvé cela étrange que tu ne me fasses aucune réflexion offensante à ton passage, alors je suis venu voir.
Ah, c'est donc ça. Juste parce que je ne lui ai pas crié dessus.
C'est ridicule, j'ai presqu'envie de rire.
Mais ça ne répond pas à la première question.
— Merci, dis-je d'une voix faible. Tu as sûrement autre chose à faire, alors...
Hum ?
Il me passe de l'eau en bouteille.
— Tu dois avoir la gorge sèche.
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L.T.D.B.C (M/M)
RomanceRome, gay affirmé, est un quadragénaire producteur de lait en Auvergne. Très investi dans sa ferme, il se donne corps et âme pour son exploitation familiale florissante, sa famille de cœur et ses employés, au point d'en oublier sa vie sentimentale...
