🌸 Chapitre 29 🐄

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— Bien dormi ? me demande Solal.

— Oui, merci.

Je l'esquive pour aller vers l'étable où Ismaël m'attend pour réparer le toit. Je ramène l'échelle avec moi, mais Solal n'a pas l'air de vouloir me lâcher.

— Tu sembles très nerveux. J'espère que ce n'est pas à cause de moi, s'inquiète-t-il.

— Pourquoi ça le devrait ?

Son silence me surprend. Je jette un œil vers lui.

— Il est quasiment impossible que tu ais pu oublier ce qui s'est passé hier soir. Tu as bu, mais pas assez pour ne plus t'en souvenir.

Je m'y attendais.

— Je ne compte pas le nier.

Pour une fois que je le surprends, ce n'est pas quand je suis de bonne humeur. Soit il est malchanceux, soit il a le chic pour m'approcher chaque fois que je rumine des problèmes.

— Je me souviens très bien de la nuit dernière, ne t'en fais pas. Je ne vais pas fuir la réalité juste pour un baiser raté.

Il a l'air incertain sur la marche à suivre. Il croyait que j'allais me dérober et qu'il allait me sortir une de ses remarques incisives. Je ne suis pas Ce genre de type.

— Cependant rien a changé entre nous. Un baiser ne signifie rien, Solal. Rien du tout. Oui, tu me plais, pour le coup je ne peux plus le nier. Ça ne sert plus à rien de se cacher derrière des mots et des excuses pour cela. Seulement, plaire ne veut pas dire totalement être raide dingue de toi.

Ses sourcils levés au ciel, me pousse à continuer.

— Dans d'autres circonstances, dans une autre dimension, je ne sais pas si je me retiendrais autant. Je ne suis pas un fou, qui ne serait pas sensible à ton charme ? Sauf que trouver un homme beau et désirable, peut-être même coucher avec lui, ne veut absolument rien dire si je ne suis pas amoureux.

— Rome...

— Stop, le coupé-je. Je ne suis pas en train de demander ton avis. C'est une information. On ne bâtit pas une dynamique sincère avec du sexe, Solal. Si tu pensais que ces six mois seraient une partie de plaisir avec un paysan, je ne suis pas le bon pigeon. Tout le monde ici en dehors de ma propre personne a l'air de croire que je suis incapable de mener ma vie à bien. On pense pour moi, on me dicte ce que je peux ou je dois faire, on surveille mes faits et gestes au point de critiquer chacune de mes décisions ! Je suis un clown ou quoi ? Donc quand je dis non c'est un chapeau melon à vos yeux ?

— Ce n'est pas du tout mon intention. Tu te méprends sur mon compte, s'offusque-t-il. Jamais je n'ai pensé que tu étais indécis ou ne savais pas ce que tu voulais, c'est pour cela que je n'insiste p...

— Garde ta salive et toutes tes balivernes pour quelqu'un d'autre, ça n'aboutira à rien, coupé-je de nouveau. Les mêmes rengaines. Vous n'avez que ce discours à la bouche ? Vous l'avez tous répété pour m'impressionner ? Personne ne sort du lot ! Vous êtes tous les mêmes ! J'en ai marre de vous !

Finalement cette saleté de Sam n'avait pas tort sur un point. Je suis bien mieux tout seul, les hommes ne veulent que m'utiliser. Jean veut une nouvelle cellule familiale pour son fils, Justin veut peut-être un toit et Solal... Je ne sais pas encore ce qu'il veut. Ça ne change rien, je suis dégouté.

— Dans la vie on peut fermement vouloir quelque chose, le désirer de toutes ces tripes en espérant que les événements se déroulent selon nos souhaits, mais s'il y a bien une chose que j'aie retenu après quarante-cinq ans sur Terre c'est qu'on obtient pas toujours ce que l'on veut ! Tu souhaites des ananas, la vie te donne des citrons. Libre à toi de comprendre le sens de mes mots, monsieur le philosophe.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant