🌸 Chapitre 49 🐄

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— Excusez-moi, Patron.

Ismaël me rejoint sur la terrasse de notre maison. Je prends l'apéritif avec ma famille. Les saisonniers se préparent pour la grande fête de départ qui aura lieu ce soir. Nous avons invité d'autres saisonniers de camarades qui finissent leur contrat à la même période. Une bonne fête qui ouvre notre saison agricole pour retravailler la terre. C'est pour cela que je suis étonné que mon petit Ismaël soit ici au lieu de s'amuser avec les autres.

— Salut, mon grand. Viens, approche.

Il hésite à monter les escaliers qui nous séparent, mais finit par se lancer. Je l'accueille avec un verre d'orange frais. Il accepte les joues roses.

— Que puis-je pour toi ?

Il regarde ma famille de côté et me demande si on peut parler un peu plus loin. Lui et sa timidité. Je cède et nous allons à l'ombre de l'arbre qui domine la devanture de la cour.

— C'est mieux ici. Alors de quoi tu veux me parler ?

Le jeune maghrébin sort le carnet de Solal et me le tend avec deux mains.

— Avant de partir, je dois vous remettre ça.

Je soupire.

— Pourquoi tu ne l'as pas encore jeté ?

— Parce qu'il n'est pas à moi, Patron. J'ai promis à Solal de vous le remettre en mains propres. Si quelqu'un doit le jeter c'est vous. Je ne pourrai jamais le faire et si vous refusez de le prendre, je le garderai avec moi jusqu'à ce que vous me contactiez pour le récupérer.

C'est quoi ces bêtises ? Il lui est loyal à ce que je voie.

Son explication terminée, je prends le carnet de ses mains. Il ira à la poubelle.

— Pourquoi tant de loyauté pour un homme que tu connais pas, Ismaël ? Tu ne lui dois rien.

Celui-ci se triture les doigts et fuit mon regard.

— Il a été très gentil envers moi.

— Comment ça ? Passer du temps avec quelqu'un de « gentil » ne justifie pas que tu fasses ce genre de chose pour lui.

— Je le sais déjà. Ce n'est pas juste pour ça que je le dis, dit-il sur un ton défensif.

C'est moi ou ce que j'ai dit l'a énervé ?

— Veuillez m'excuser, patron, je dois aller aider Hercule.

Lorsqu'il disparait complètement de ma vue, mon attention retourne au carnet. Ismaël ne m'a pas l'air de quelqu'un de stupide ou de très naïf, alors pourquoi tient-il Solal en haute estime ?

Ça n'a aucun sens.

Le soir venu, il y a de la musique provinciale, à manger et beaucoup trop à boire. Je crois que Xavier est allé un petit peu fort sur la commande de boissons. En dehors des stars de la soirée, quelques amis sont présents, même notre brave Raphaël est là. Son petit ami est au four et au moulin alors il ne se pose pas une seconde pour lui tenir compagnie.

Jean arrive à son tour avec son chérubin. Depuis sa visite il y a une semaine, je ne l'ai appelé que pour cette fête. Il est occupé à discuter avec des villageois, je suis ravi qu'il se fonde un peu plus dans la masse. Il a besoin de se faire plus de connaissances. Certains enfants sautent sur un matelas à eau supervisé par Hugo et Antoine. D'autres prennent du bon temps avec quatres poneys et un grand cheval pour les ados, loués au centre équestre. Les adultes s'affairent derrière une compétition de meilleur buveur de la soirée et un concours de patois juste dédié aux saisonniers pour savoir si certains ont réussi à retenir des bribes de langue de chez nous et notre culture. Ça se passe très bien. J'avoue que je ne sais pas d'où leur est venue une telle idée, mais Yanis a l'air d'avoir prévu ceci depuis bien trop longtemps pour que ça fasse naturelle. Tant qu'il n'y a pas de dégâts et qu'on passe un bon moment, je suis content.

L.T.D.B.C (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant