Mission Smoking Kills #5

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J'étais si vulnérable

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J'étais si vulnérable. Sans aucun repère, sans vraiment savoir où j'allais. Aux yeux de mes supérieurs, des hommes en costume à la tête du gouvernement, j'étais un traître, nous parlions de haute trahison. Aux yeux des personnes qui comptaient pour moi, j'étais devenu un adversaire, mais pas n'importe lequel, le plus inattendu, le plus imprévu, celui pour lequel il leur serait impossible d'appuyer sur la gâchette. Je savais que Thomas n'aurait pas la force de le faire, je pense être le seul qu'il a aimé et le rester. Mais rien de pire d'aimer une personne qui est à présent notre opposé. J'aurais préféré mourir que de me retrouver dans cette situation. Je vois la route défiler derrière mon casque de moto. J'accélère sur la route même si je peine a voir mon chemin avec la buée qui se répand au niveau de mes yeux. Il faut vraiment que j'arrête de pleurer en conduisant, c'est dangereux. En réalité je laisse des larmes de rages couler sur mes joues tandis que je reste impartial et que j'essaye d'oublier ce qui m'a mené ici. À faire la route solo, partir seul alors qu'il n'y a pas si longtemps j'étais dans les bras de l'homme que j'aimais le plus. Je voulais comprendre les convictions de Bark, je voulais voir si les choses que j'avais lu sur lui était vrai et si ça sous entendait être l'ennemi public numéro 1 du pays pour haute trahison, j'en assumerais les conséquences. Je ne pouvais pas sécher mes larmes ni regarder en arrière et portant, je ne cessais de penser à ce qui m'avait conduit ici. Il n'y a pas si longtemps, j'étais à la planque, devant l'homme que j'aimais, le front contre le canon de son flingue à attendre qu'il tire car je savais qu'il suivais beaucoup trop les ordres directs pour me laisser en vie.

Quelques heures plutôt

Je suis encore appuyé contre son arme tandis qu'une de ses larmes tombe de son menton. Je lui ai dit de me tuer et il a baissé le chien. Je sais que c'est la chose qui le rendra le plus malheureux de toute sa vie et je ne supporterai être à sa place. J'ai une pensée pour ma mère, je ne sais pas depuis combien de temps je ne l'ai pas vu mais je revois son visage inquiet lorsque je lui annonce que je m'engage dans l'agence de protection des témoins pour retrouver l'homme que j'aime. L'homme que j'aime qui à présent a une arme braquée sur mon front et le chien baissé prêt à me tuer parce que je ne suis plus coopératif. Il sera la dernière personne que j'aurais aimé et j'ai détesté l'aimer autant si c'est pour finir comme ça. Je repense à notre rencontre, à sa protection, à notre départ précipitée, aux épreuves qu'on a traversé, son baiser dans la salle de pluie, nos deux corps dans un lit, nos yeux se fondant dans ceux de l'autre. Il est rentré dans ma vie pour mon bien et je ne sais pas si je lui ai rendu étant donné comme je le brise. Je le sens que s'il tire maintenant, il serait capable de se tuer ensuite. Subitement, Thomas change la trajectoire de son arme, il la pose sur ma tempe, je sens la froideur du canon et je sens toute ma lâcheté revenir. Il vise la tempe pour que je souffre moins longtemps. Je sens son front se poser contre le mien et j'ouvre les yeux pour me fondre encore une dernière fois dans les siens, en oubliant le monde autour de nous. Il respire fort et alors que je ne m'y attends pas, il m'embrasse, le plus douloureux des baisers qu'il ne m'a jamais donné et je ne comprends pas trop pourquoi. Je pense simplement qu'il n'en a pas la force. Je lui rends son baiser toujours avec le flingue contre ma tempe. Ma main trouve le chemin jusqu'à sa nuque et j'approfondis le baiser, quitte à ce que se soit le dernier, autant qu'il soit mémorable. Petit à petit, son flingue se retire de ma tempe et son bras retombe le long de son corps. Je le ressens à sa peau totalement hérissée et son cœur en pleine tachycardie, je le ressens de la même manière que lui ; nous sommes officiellement la plus grande faiblesse de l'autre. Il y a juste un univers entier de convictions qui nous sépare. Thomas met fin au baiser et ça me déchire tout l'être tellement j'aurais aimé qu'il ne s'arrête jamais.

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant