Slow up

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« What I've learnt from the oceanHard to dance and rejoice in the motionLet the sun have its momentThe moon will come »

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« What I've learnt from the ocean
Hard to dance and rejoice in the motion
Let the sun have its moment
The moon will come »

Je reste inerte dans mon lit. Je me concentre alors sur les moindres petits détails, le plafond craquelé sur la droite, les peluches de poussière sur la bibliothèque, la tache de café sur l'oreiller. Je ne veux pas sortir de mon lit. Je veux oublier la douleur, je veux m'anesthésier et disparaître sous les couvertures. Je veux pouvoir entendre le vacarme du silence qui m'entoure et qui personne ne vienne m'adresser la parole. Je ne veux voir ou ressentir personne. J'ai l'impression que c'est la seule solution car tout dans ce monde me le rappelle. Lorsque je pense, tout me ramène à lui. Ce qui est étrange c'est cette sensation d'apnée dans laquelle notre corps se met tout seul. Je l'appelle comme ça parce que quand on rentre dans une piscine notre corps devient léger comme une plume, on ne sent plus ses muscles, et bien je me sens comme ça, dans ma chambre encore assombrie par le rideau, mon cœur n'est pas lourd pour une fois, je peux rester dans le noir et ne penser à rien d'autre.

-Newt, s'exaspère Thomas en rentrant dans la chambre, il faut que tu sortes de là, ta mère a préparé le petit déjeuner.

Là dessus, l'homme que j'aime détache le rideau pour y faire ainsi entrer la lumière. Je grogne pour moi même et m'assoit sur le lit en frottant mon visage. Thomas s'approche de moi tristement et s'accroupît devant moi avant d'embrasser mon front.

-Je ne veux pas y aller, je soupire tristement.
-Je sais que ça va être dure, ok ? Il dit en plaçant sa main sur ma nuque, mais c'est dure pour tout le monde, il faut que tu sois fort. Fais le pour moi. Allez, sors de cette chambre, mon amour.

Je le suis à travers mon couloir sans trop de conviction et on descend les escaliers. Ma mère me lance ce même regard triste qu'elle a sur le visage depuis quelque jours et qui me broie littéralement sur place à chaque fois que je le vois. Elle m'adresse un faux sourire et me tend des pains perdues que je ramène sur la table.

-Tu es enfin sorti de ton lit, c'est un record, fait elle remarquer tandis que je vois Thomas arborer un sourire fier de sa victoire.
-Mange maintenant, ordonne t-elle avant d'aller plier le linge.
-J'ai pas faim, je marmonne presque pour moi-même.

Je pense qu'elle a entendu mais qu'elle connaît le refrain. Ça fait des jours que je ne peux rien avaler. J'ai le regard dans le vide, je regarde l'assiette de pains perdus en tripotant ma fourchette mais j'ai l'estomac tellement serré que si j'avale quoi que se soit je sens que je vais le vomir. Je repousse l'assiette vers Thomas qui fait une moue embêtée avant de me fixer  ses grands yeux noisettes.

-Newt, tu n'avales rien depuis deux jours, murmure t-il doucement, force toi un tout petit peu, tu as besoin de force aujourd'hui.

Je le regarde et il y a tellement d'espoir dans ses yeux que pour lui je découpe mon pain perdu et le mène à ma bouche. Manger me fait presque mal mais je le fais pour ne pas l'inquiéter. Je me sens vide de toute émotion, j'ai lu sur un forum à la con que dans la vie, lorsque la douleur est trop forte, on n'a plus aucune émotion, c'est comme si notre cœur -ou du moins la partie du cerveau qui gère les émotions- s'éteint et nous laisse en paix. Lorsque je finis le premier pain perdu, je repousse de nouveau mon assiette pour faire comprendre à Thomas que je n'avalerai ni plus ni moins que ce que j'ai mangé et qu'il devra s'en accommoder. Il me sourit d'un air fier mais ne parvient pas à cacher l'inquiétude dans ses yeux.

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant