Criminals

671 46 6
                                    

Le coup de feu a encore retenti, retirant ainsi la vie d'un innocent une nouvelle fois

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le coup de feu a encore retenti, retirant ainsi la vie d'un innocent une nouvelle fois. Je ne bouge pas, la main tremblante dans la poche de ma veste alors que ce n'est pas moi qui tenait l'arme. Tout semble ralentir comme toutes les fois où ça arrive et Thomas me hurle de me grouiller. J'ai la même sensation d'être une horrible personne et de voir le monde bouger à toute allure tandis que je suis en décalé. Thomas me prend violemment par le bras pour que l'on se sauve et lorsqu'on grimpe dans la voiture, il démarre à toute vitesse, grillant ainsi deux panneaux prioritaires et je me dépêche d'enlever ce masque qui m'empêche de respirer en entendant les sirènes de police au loin. Une fois de plus, c'était moins une et une part intérieure de moi voudrait que ce soit trop tard. Je n'ai pas parlé à ma famille depuis trop longtemps. J'ai quitté la ville où j'ai toujours vécu en fonçant vers l'inconnu. Pourquoi j'ai fait ça ? Par amour.

Je m'appelle Newt Ross et je suis complètement, définitivement et irrévocablement amoureux d'un criminel.

Vous savez ce moment où le personnage principal est toujours attiré par le bad boy, je crois que je me suis laissé emporter par la notion de bad boy. On dit souvent qu'on ne choisit par la personne pour laquelle on tombe mais le truc c'est que ce dicton devient problématique lorsque la personne en question dort avec un gun sous l'oreiller, vole, pille, tue de sang froid des innocents et semble pris d'une adrénaline lorsque ça arrive. Dans ce genre de moment, on se regarde à travers le rétroviseur et on se dit "mais merde, je suis vraiment en train de faire tout ça ?" On est à deux doigts de sauter de la voiture à un feu rouge puis on croise son regard, ses cheveux noirs en bataille, ses grands yeux marrons dorés et son grain de beauté élargi sur sa mâchoire lorsqu'il nous sourit et on succombe. Une nouvelle fois.

Si Thomas n'avait pas cette folle envie, constante et effrayante envie, de tuer, ce serait un super roadtrip qu'on ferait à deux ; faire l'amour dans des motels miteux, manger dans des diners en bordure d'autoroute avec vue sur la faune écrasé par la civilisation humaine, s'aimant dans tout le pays, se créant des souvenirs, voyager sans but si ce n'est être ensemble. Le problème étant qu'il y a toujours un moment où l'homme que j'aime finit par tuer quelqu'un. Un motard qui voulait faire le gros dur, un gérant de station service qui n'avait plus de chewing-gum gratuit, même un commis aux poubelles d'un motel. Il y a toujours ce moment où il en a besoin et moi, je perds toute notion de ce que c'est une vie normale. Pendant longtemps, je m'blindais , je me voilais la face et j'ignorais les signes que je sortais avec un sociopathe de première. Il tuait et se sentait tellement bien que les prochaines heures durant, il était d'une telle bonne humeur qu'on passait des moments incroyables. On baisait comme des bêtes dans les hôtels, on faisait les fous dans des zones désertes, on se courait après dans les supermarchés et je sentais nos deux cœurs qui battaient à l'unisson.

-Newt.
-Hm.
-Je vais chercher le petit dej, tu veux quoi ?
-Des pancakes au sirop d'érable, je demande en m'étirant et un milkshake.
-Ce sera tout, monsieur ? il me sourit tendrement en caressant ma joue.
-Oui, après je te dévorais toi.
-Toi, il dit en se redressant pour enfiler un tee-shirt, tu sais comment donner envie à un homme de revenir, même dans le plus miteux des hôtels, il ajoute en scrutant notre chambre, bouge pas, je reviens vite.
-Attend, Tommy, prend l'argent sur la table.
-Tu veux un déjeuner de roi et tu crois que je vais payer ? Il ricane, il faut choisir entre gourmand et honnête, chéri.
Il claque la porte en ricanant toujours et je soupire. Je sais qu'il va faire du mal à quelqu'un et je n'ai pas la tête reposée lorsqu'il fait ça. D'autant qu'un jour il ne va pas revenir. J'ai peur et en même temps, une part de moi, je dois bien l'avouer, a hâte que ça arrive. Je pense que pour n'importe qui qui lira ce témoignage, c'est assez confus. Je ne veux pas le perdre, je ne veux pas qu'il meurt mais je sais aujourd'hui, qu'il a sérieusement besoin d'être suivi et de passer un temps à l'ombre, en espérant qu'un jour on puisse avoir une vie normale à deux. Est ce que c'est utopique ? Je crois mais quand on aime on rêve de tout, même de l'impossible. Même de l'impossible. Je me lève et je vais sous la douche en attendant qu'il revienne.

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant