Natural Disaster #1 (Hurricane)

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Un ouragan.

Je ne sais pas dire si les événements qui se sont déroulés en Floride ont été catastrophiques ou bénéfiques. J'aimerais pouvoir en parler avec du recul et une certaine objectivité humaine. Si l'un de vous, n'importe qui, pouvez me donner de sa douleur afin que je partage cet instant tragique avec vous, je suis preneur. Nous avons tous probablement perdu quelque chose ce jour là. Attention, ne me faites pas plus insensible que je ne le suis, je comprends la peine et je m'efforce d'être présent pour mon entourage qui a perdu un être cher. Bon en faite, je vais être plus directe parce que j'en ai marre de mâcher mes mots, ça fait deux semaines depuis la catastrophe et je vois mon voisin de palier, ma rue, mon quartier, ma ville, se reconstruire doucement mais sûrement. Je vois des débris émiettés sur la route et la balançoire qui divertissait les enfants dans le parc au bout de la rue voisine, a trouvé une place dans un arbre trois pâtés de maisons plus loin. Du moins ce qu'il en reste. La baignoire de ma professeur de maths a encastré le mur de l'église. C'est catastrophique mais j'essaye au mieux de positiver la situation.

En faite c'est peut être ça parfois la vie, le message qu'elle nous envoie, une sorte de moyen de faire table rase avec tout le bordel qu'on fout sur terre. Est ce que ce n'est pas une seconde chance parfois ? Tout le monde fait des erreurs, on nous parle alors « d'expérience » mais finalement Oscar Wilde le dit lui même, elle n'a aucune valeur morale car c'est le nom que les Hommes donnent à leurs erreurs. Ce qui est incroyable en réalité c'est cette solidarité chez tous les humains victimes d'une catastrophe naturel comme si ça n'arrivait jamais au quotidien. On va aider ceux qui ont tout perdu en leur offrant un toit, de la nourriture, des vivres et faire les courses pour les vielles dames secouées. Peut être qu'on ne prend pas assez le temps de se dire qu'on peut agir ainsi tout le temps, être de meilleurs personnes pour la planète et pour les autres au lieu d'être bêtement centrés sur nos petites personnes. Je vois vraiment ça comme une seconde chance et d'ailleurs je ne parle pas de ça que pour des catastrophes naturelles à grande échelle comme des ouragans, des séismes ou encore des inondations mais aussi des petites catastrophes naturelles à échelle humaine. Les décès, les ruptures, le chômage. Ça nous semble insurmontable sur le moment et pourtant c'est simplement la vie. Alors on prend nos affaires, on se lève et on essaye de réapprendre à vivre. Et parfois ces catastrophes aident à faire table rase sur nos vies, sur nos relations. On apprend à pardonner, à faire confiance, à aimer à nouveau.

Pour moi, l'ouragan David est arrivé mais a changé un bout de ma vie que je pensais perdu à jamais et j'ai donc du mal à considérer le tout comme une grave catastrophe. Je ne dis pas qu'à ce moment je dansais et festoyais, non, je me chiais dessus comme tout être doté de la conscience des risques, j'avais peur pour ma vie et celle de mes proches. Et je ne raconte pas tout cela pour que vous m'enviez ni pour remuer le couteau dans la plaie. Je suis désolé pour vos pertes, vraiment navré et si vous n'avez pas envie d'écouter une belle histoire positive, ne m'écoutez pas, prenez le comme un type genre monsieur tout le monde, qui raconte son histoire à qui veut l'entendre et sentez vous libre de choisir entre m'écouter ou me mettre en sourdine. J'ose penser qu'une histoire un peu positive au milieu des débris peut permettre de réchauffer le cœur et l'âme. Un peu comme le délicieux chocolat chaud qu'on boit sous un plaid après une averse. Cependant je peux aussi mal penser donc libre à vous d'en juger. Tout ça pour dire que l'histoire que je vais vous raconter est positive et sans cet ouragan elle n'aurait pas existé. Ou du moins pas reexister.

Ça a commencé donc deux semaines plutôt. L'ouragan David s'est étendu sur les Caraïbes après nous avoir visité. Il est bien évidemment apparu un jour nuageux où aucune source de désespoirs ne s'annonçait sur Miami. Je travaillais comme à mon habitude, vendant ainsi des places de cinémas à diverses personnes venant se vider la tête un jour grisonnant en Floride. Il y en avait pour tous les goûts, des films romantiques, des blockbusters et des films d'auteurs qui ont gagné l'unanimité de son public. J'étais devant la porte à cette heure ci tandis que Minho vendait les billets au guichet, je les déchirais pour laisser entre les spectateurs dans leurs salles respectives. Mon regard croisait parfois celui de Fry qui servait des popcorns et Alby qui s'occupait de sortir du frigo les sodas que demandaient les clients. Tandis que j'arrachais un énième tickets j'ai bien cru rêver en regardant la file au loin. Newt se trouvait à l'intérieur et achetait un ticket avec Maeve, sa petite sœur de cinq ans. Je ne l'avais pas vu depuis... depuis qu'on avait rompu et ça m'a mis la baume au cœur de voir cette frimousse embêter son grand frère blondinet. Je ne saurais pas dire lequel des deux me manquait le plus. Lorsque Newt me vit, je fis mine de continuer mon dure travail et je le vis dire à sa sœur qu'en fin de compte le film était nul et qu'ils pouvaient aller manger une glace à la place. Mais Maeve ne l'écoutait déjà plus. Elle couru vers moi en ouvrant ses bras et ses lèvres se fendirent en un adorable sourire.

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant