Newtmas OS

We could be heroes #6

Partie 6

Cher ami,

Je crois que j'ai progressé en guitare et en chant depuis que je joue dans un groupe. C'est logique tu me diras mais quelque part, j'ai l'impression d'avoir gagné en assurance aussi depuis que j'ai découvert mon talent caché en chant. Ils me laissent plus de morceaux d'autant qu'Alby est moins présent qu'à une certaine période car son père a dû licencier des employés et a donc doublé ses heures. Il a apparemment expliqué que c'était la crise mais je ne crois pas qu'une chaîne qui va ouvrir son quatrième restaurant dans l'État ait de vrais problèmes. Brenda non plus n'y croit pas trop. Je pense qu'il veut apprendre à faire travailler Alby sous pression alors on va le voir le plus souvent au restaurant où il travaille. Lorsque son père n'y est pas, il s'accorde de s'asseoir avec nous et boire un sprite à la pêche en attendant qu'on lui raconte ce qu'il se passe de nouveau dans le lycée et dans nos soirées de dévergondés. Je crois qu'il aime vivre par procuration. C'est dans ces moments là que c'est dur de lui raconter tout car le groupe est vaste et chacun vit sa petite vie. Je suis souvent avec Brenda et Newt, ils m'emmènent dans des lieux que je n'ai jamais vus car avant je ne sortais pas. Ils me font boire et fumer des choses que je ne connais pas car avant je n'étais pas débauché mais dans un certain sens, ça me plaît. Newt m'inquiète un peu, je le vois embrasser beaucoup d'inconnus et quand j'en parle à Brenda, elle explique qu'il est juste malheureux et que ça lui passera et après un temps, elle ajoute un "enfin, j'espère" peu serein qui ne me rassure pas du tout. On rentre souvent tous les deux car Newt finit sa nuit chez un inconnu. Parfois j'ai peur pour lui, je me dis qu'il met sa vie en danger mais Brenda, tout ce que ça lui inspire c'est de reprendre la chanson Teenage Dirtbag de Wheatus.

Parfois, on traîne à rentrer et on va tous les deux sur la colline qui surplombe la ville, elle allume les phares de la voiture et on s'assoit sur le capot pour admirer la ville. Je vois les lumières scintiller et certains soirs, je la sens plus joviale que d'autres. Elle ne parle plus d'Alec, ni de aucun garçon, ni de Newt, ni de personne. Je lui ai même dit que j'étais gay pour la pousser à se confier plus à moi -il paraît que les filles aiment avoir des meilleurs amis gays, mais elle a juste haussé les épaules. Elle ne semblait pas surprise et ça m'a déçu que ça ne soit pas un scoop. Mais j'ai vu qu'en ce moment, elle semblait ailleurs, elle se sentait mal. Sauf que Brenda n'est pas une fille qui se confie beaucoup, je crois qu'elle tient de sa mère car Poppy est pareille, elles ne disent rien et pourtant, dans leurs yeux, on peut y lire tellement de douleur parfois, sans comprendre pourquoi. Un soir, lorsque je m'y attendais le moins, elle a arrêté de simplement regarder le paysage en écoutant des musiques pour savoir quels classiques reprendre avec le groupe, elle s'est enfin mise à parler.

-T'as pas peur des fois d'être comme tout le monde ? Elle a subitement demandé.
-Comment ça ?
-J'sais pas, des fois je me dis que je fais de mon mieux pour être originale et au final, je ressemble à la même ado lambda qui ne sort pas de l'ordinaire.
-Hey, je dis en la bousculant gentiment, tu chante divinement bien dans un groupe de jazz et tu fais danser des ados, t'es pas comme les autres. Puis finalement, ne pas vouloir être comme tout le monde, ça nous rend lambda.
-Comment ça ? Elle a demandé intrigué et ça m'a fait sourire car ça faisait longtemps que je n'avais pas vu autrement que déprimée.
-Je veux dire dans le sens où à force de ne vouloir ressembler à personne, on devient comme tout le monde, car personne ne veut ressembler à tout le monde et pourtant tout le monde ressemble à personne.
-C'est vrai, on est des clones mais des clones originaux.
-Non, nous on est vraiment originaux.
-Originaux comme des personnes uniques ou comme des jouets défectueux ?
-Excellente question, mais je ne dirais ni l'un ni l'autre, plus comme des superhéros.
-Je n'ai rien d'une superhero, elle s'assombrit, même les parties de ma vie que je suis censée contrôler, je deviens un cliché ambulant. J'aimerais avoir la même vie tranquille et je fais tout pour mais en un rien de temps, tout bascule, mon meilleur ami gay se transforme en pétasse de la nuit, mon père essaye de ressurgire dans ma vie alors que ce n'est qu'un connard qui frappait ma mère et le seul mec qui m'intéressait car il semblait plus mature que les autres du lycée a agit comme un connard et a bien faillit me faire quelque chose de-
-Tu parles d'Alec ? Je la coupe, Brenda, qu'est ce qu'il t'a fait ?
-Relax, elle soupire, il a... tenté un truc à la dernière fête chez Harriet. Je l'ai repoussé et ça a été un peu virulent. On avait bu, il a cru percevoir des signaux, elle secoue la tête, que je lui ai peut être envoyé sans m'en rendre compte et finalement, sur le fait accompli, je n'avais pas envie et ça m'a braqué, ça l'a frustré et fin de l'histoire.
-Woah, je dis en fixant le vide d'un air ahuri.
-Tu l'as dit.
-Ça fait beaucoup d'informations.
-Tu le dis pas aux parents, sinon je t'explose.
-Brenda, je suis muet comme une tombe, tu le sais mais... tu n'as pas à te blâmer pour des signes que tu as envoyé ou non, il est pion, il est censé être l'adulte responsable de l'histoire. Tu devrais aller voir le CPE.
-Mais non, c'était un malentendu. Je pensais qu'il s'intéressait vraiment à genre..Moi ? Tu vois ? Et quand j'ai vu qu'il voulait ça, je me suis dit que même les plus vieux pensent à ça, en faite les hommes ne pensent qu'à ça et ils ne se calment pas du tout avec le temps comme je le pensais. Ça empire...
-On ne s'est jamais vantés d'être moins cons en grandissant.
-Ouais mais même, je pensais au moins votre libido se réduisait quand vous avez connu ce que c'était le sexe. L'année dernière, je me suis beaucoup donnée à des garçons et je les ai laissé m'entraîner dans des trucs sombres pour me faire apprécier d'eux et j'ai réalisé que je restais un morceau de viande alors j'ai voulu changer la vision que les garçons avaient de moi. Du coup, je me suis rendu inaccessible pour ceux de mon âge et j'ai commencé à m'intéresser aux plus vieux. Je voulais montrer que j'étais exigeante, tu vois ?
-Et t'as l'impression que c'est l'image que tu renvoi ?
-Non, car même le pion du lycée a pensé que j'étais cette même fille facile et ça m'a détruite. Je me suis sentie... Toute petite subitement.
-Je peux comprendre mais ça veut juste dire que tu n'es pas tombé sur celui qui te méritait vraiment. Après faut pas que tu fasses un film dramatique de ta vie. On a tous des merdes mais je pense que tout ce que t'as à faire c'est ne pas les laisser te définir. Tout ça c'est ton identité secrète, ce que tu montres au monde, c'est ce que tu as de plus beau. La chanteuse de jazz que tu es. Puis regarde les super héros qu'on connaît aujourd'hui, aucun d'eux n'a de vie facile, c'est ce qui leur donne leur courage.
-Va falloir que tu m'expliques ce que tu as à faire des liens sans cesse avec les super héros.
-Ma mère le faisait souvent et je trouvais ça super trippant quand j'étais petit, je souris.
-Elle te manque parfois ?
-Tout le temps, j'aimerais bien aller la voir mais à chaque fois, c'est de pire en pire, elle devient même parano parfois. C'est dur.
-Va la voir quand même.
-Hm, t'as raison, je sens juste que ça n'ira jamais en s'arrangeant.
-Quand t'auras accepté ça, tu profiteras mieux des moments avec elle.