Umbrella

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Je regardais la pluie tomber d'un air monotone en maintenant mon parapluie fermement contre mon torse

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Je regardais la pluie tomber d'un air monotone en maintenant mon parapluie fermement contre mon torse. Il était 16 heures, l'heure où finissaient mes cours dans ce lycée privé où mes parents avaient cru bon de dépenser une fortune pour me remettre dans le droit chemin. Ils leur avaient promis de me guérir et mes parents, naïfs et persuadés que ma sexualité était une maladie qui s'attrapent de la même manière qu'un rhume, avaient signé le chèque au nom de St Mary High School et me demandaient si je retrouvais la voie de mon âme tous les jours.

Les flaques s'emplissaient à côté des trottoirs et je voyais mon reflet dedans entre chaque voiture qui les troublait à chaque accélération. Je détestais l'hiver à Baltimore, il ne faisait que pleuvoir, on ne voyait plus le soleil , la vue était bouchée par tous ces parapluies qui rendaient chaque passant anonyme. Je déprimais et je rêvais de le revoir, lui, même si je le détestais également pour une raison valable. Il avait encore la belle vie tandis que moi j'avais changé de lycée, perdu mes meilleurs amis qui pensaient que j'étais contagieux et j'étais regardé de travers par tous ces mormons qui me fuyaient comme la peste dans ce nouveau lycée. Je me sentais seul, abandonné et contre le monde. Il avait choisi la voix la plus simple, celle de prétendre qu'il n'était pas ce qu'on croyait et que je l'avais contaminé plutôt que d'assumer sa part de responsabilité dans l'amour qu'il avait clamé me porter auparavant. Nous étions supposés être deux contre le reste du monde mais il avait choisi de me laisser seul contre tous et de m'accuser de l'avoir ensorcelé avec mon homosexualité. Ces phrases m'avaient brisé le cœur en mille morceau et devant ces paroles tellement froides, j'avais opté pour le silence. Aujourd'hui, j'étais abandonné, blâmé, fuit, seul, mouillé, je me sentais vide comme cette pluie.

Lorsque je lève la tête, mes yeux trouvent les siens, au milieu de la pluie, des passants pressés de rentrer se mettre au chaud et le bruit des Klaxons qui annoncent l'impatience des conducteurs. Nombreuses sont les voitures qui passent avec le geste mécanique des essuie-glaces sur le pare-brise qui fait un bruit assourdissant mais le voir me donne l'impression que le monde cesse de tourner, qu'il s'est mis en silencieux. Je replace mon parapluie contre mon épaule tandis que je vois qu'il n'en a pas. Il est en tee-shirt couleur chaire et ses cheveux noirs tombent sur son front et permettent à quelques gouttes d'atteindre progressivement chaque traits de son visages, il se lèche la lèvre pour en dégager et les torrents qui lui tombent sur la tête l'obligent à plisser les yeux. Je reste stoïque en cherchant ses iris noisettes, je ne souris pas, je lui montre qu'il a cassé mon cœur et qu'il doit réparer ses erreurs.

Thomas s'avance doucement vers moi et je vois des gouttelettes onduler le long de ses bras, je vois son tee-shirt moulant lui coller au torse et ses yeux s'humidifier

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Thomas s'avance doucement vers moi et je vois des gouttelettes onduler le long de ses bras, je vois son tee-shirt moulant lui coller au torse et ses yeux s'humidifier. L'avantage avec la pluie c'est qu'on ne peut pas vraiment savoir s'il pleure ou s'il pleut. Il se mord la mâchoire et je vois à quel point il s'en veut, je comprends. Je sais qu'il était sincère lorsque nous nous aimions en cachette. Toutes ces fois à s'amuser dans le lit comme deux enfants, ces moments de joies, Les échos de nos rires allongé dans l'herbe, les mains serrés sous la table, les nuits de douceurs, de chaleurs, les je t'aime que nous ne gardions que pour nous deux. Tout me revient en tête et pendant une fraction de seconde je ne lui en veux plus, je me rappelle ce que m'a dit Minho, le seul ami qui daigne encore me parler, il m'a dit qu'a sa place j'aurais sans doute fait pareil car nos parents ne sont pas les personnes les plus ouvertes d'esprits. Il n'a pas tord, même si j'aurais aimé que Thomas assume avec moi et qu'on se soutienne, je ne lui souhaite pas ce qui m'arrive, je ne lui souhaite pas d'avoir un père qui a presque envie d'échanger de fils et une mère qui prie pour extraire le diable de mon corps et qui par conséquent ne m'acceptera jamais comme je suis. Je ne le souhaite à personne. J'ai déjà songé à me suicider mais heureusement, j'ai rencontré une fille dans le même cas que moi, Brenda, elle m'a emmené à un groupe de soutien pour personne LGBTQ dans le besoin. Alors oui, je suis entouré à ma manière mais non, je ne le souhaite pas à Thomas. Ni même à mon pire ennemi.

Thomas est à présent à mon niveau et la pluie est en train de l'inonder pourtant il reste stoïque, il ne bouge pas, il attend. Il attend que je daigne bouger le petit doigt ou lui faire comprendre qu'il peut s'avancer plus. J'en rêve, je joue l'inaccessible mais au fond de moi, ce que ma mère appelle une maladie satanique et qui pour moi est simplement de l'amour, me donne envie de lui lécher le visage, de sentir ses vêtements trempés contre moi et de mettre ma main dans ses cheveux dégoulinant. Il ne bouge toujours pas et je ne le quitte pas des yeux, je respire doucement et je me sens avaler ma salive tandis que d'un geste simple, je lève mon parapluie et lui fait un signe de tête pour que son cœur sans logis vienne s'y poser le temps que la pluie s'arrête. Il s'approche lentement et baisse sa tête pour se retrouver sous mon parapluie. Il a un regard tendre et reconnaissant, comme si c'était une image, en laissant rester sous mon parapluie, il peut se protéger de l'orage qui l'accable. Je lui avais dit un jour que je serais toujours là pour lui, dans les pires tempêtes, contre les ouragans les plus solides, il pourrait compter sur moi.

J'ai feint un sourire et je l'ai sentit se détendre devant moi, ses épaules se sont relâchées et il a posé sa main par dessus la mienne pour tenir le parapluie tandis que nous pouvions entendre les gouttes tomber massivement dessus sans vraiment y prêter attention. On a levé les yeux vers le haut comme si sous le parapluie nous pouvions apercevoir l'orage qui venait d'éclater. Il s'est encore rapproché et sa main encore libre à trouvé une occupation sur ma hanche droite. Je voyais de la buée sortir entre ses lèvres et j'ai réalisé qu'il était de même pour moi. Nos bouches n'était plus très loins l'une de l'autre et nos yeux faisaient des aller-retours entre ceux de l'autre et le bas de notre visage. La tentation était là, l'envie également et il ne s'agissait plus de penser bien ou mal, il s'agissait de faire taire ces personnes qui nous blâmait pour quelque chose que nous n'avions pas choisi car nous ne voulions pas nous perdre. De ses lèvres qui viraient au violet à cause du froid, Thomas murmura les mots que notre foie nous avaient interdit de prononcer l'un à l'autre :

-Je t'aime, Newt.

Pour toute réponse, tandis que l'orage éclata et que la pluie battait son plein, j'ai pris une grande bouffée d'oxygène et j'ai réchauffé ses lèvres avec les miennes. Elles se séparaient, se retrouvaient, faisaient la valse, le tango endiablé ensemble. Nos lèvres s'éloignaient, se rapprochaient lorsque ça devenait trop dure de maintenir un écart trop grand entre elles et j'étais tellement submergé par ces sensations fortes que j'ai laissé mon parapluie tomber sur le sol, derrière nous et le vent l'éloignait davantage tandis que mes bras agrippaient sa nuque encore dégoulinante et que ses doigts tiraient sur mes mèches que la pluie trempait un peu plus à chaque seconde. Nous ne prêtions pas attention aux regards jugeurs et indiscrets des passants, nous nous retrouvions, trempés d'amour et d'eau fraîche et nous laissions l'adrénaline prendre possession de nos corps respectifs. Nos mères diraient que nous étions possédés, c'était proche de ça, très proche. Nous ne voulions pas que ça s'arrête et s'il fallait une guerre civil pour que nos lèvres ne se quittent plus, nous étions prêts à l'affronter ensemble. Thomas avaient dit une fois que nous nous étions pas connus à la bonne époque. Cela nous importait peu, l'amour était plus fort que le reste.

Au milieu de cette tempête, certains passaient sous leur parapluie, cachés et anonymes, ils voyaient la pluie comme synonyme de désespoir, de tristesse, de fin de quelque chose. Avec Thomas nous le voyons comme un renouveau, comme une manière de tout nettoyer, la douleur, la peine, la colère, la frustration et de repartir à zéro avec ce que nous avions. Dans un premier temp, cachés sous un parapluie et par la suite, devant chaque regard du monde.






S : Waw, ça fait un bail. Je suis désolé d'avoir pris du temps pour revenir, pas mal de changements s'opèrent dans ma vie et je peine à trouver un équilibre dans tout ça. Mais merci pour les 10k ❤️ Bientôt les 11k, merci pour vos commentaires, vos réactions qui me donnent de la force, merci pour m'ajouter à vos listes de lectures et merci d'être vous ❤️

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant