Natural Disaster #3 (Hold Up)

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/! TW : ATTENTION CET OS CONTIENT DES SCENES VIOLENTES ENGENDRANT DES MEURTRES, DU SANG, etc, AMES SENSIBLES S'ABSTENIR. /!

Dans l'état de la Floride, il est reconnu que 2 millions de personnes possèdent un permis d'arme à feu. Il est facile d'idéaliser ce pays, même cet état mais les gens ne savent pas que derrière cet empire, il est si facile de mourir. Même les plus innocents, même ceux qui avaient un avenir et que n'avaient rien demandé. C'est souvent les plus courants. L'être humain sait s'adapter en permanence en toute circonstance et il est donc normal dans notre lycée qu'il y ai des exercices pour ce genre de situation. S'en est presque devenu une catastrophe naturelle ; on ne peut pas la contrôler, on ne peut pas l'anticiper, on ne peut que faire avec les dommages qu'elle a produits une fois qu'elle est passée et tenter de réparer les dommages collatéraux au mieux. Même si ça veut dire accepter qu'on retire la vie à notre partenaire de chimie ou notre prof de sport. Même si ça sous entend que c'est courant d'être sous Xanax après une situation si éprouvée, même si nous avons déjà vu le quarterback du lycée se déféquer dessus.

Lorsque je suis descendu de mon bus ce matin, que j'ai rejoint mon casier, j'ai eu un sentiment qui m'a pris aux tripes. Un sentiment que j'ai choisi d'ignorer et qui à la fin de cette journée ne resta plus jamais sous silence. Je préfère l'écrire car même encore aujourd'hui j'ai du mal à réaliser ce qu'il s'est passé. On le voit à la télé, on le voit dans les films, dans les séries, dans les clips musicaux. Je ne sais pas comment expliquer mais c'est un acte qui paraît tellement loin de la réalité. Ça n'arrive qu'aux autres. On le voit aux infos, pas dans sa propre classe, dans les couloirs qu'on traverse tous les jours. On ne s'imagine pas qu'un jour on se retrouve avec un flingue qui nous menace. On ne penserait jamais que quelqu'un puisse vouloir s'en prendre à un lycée aussi inoffensif que le nôtre. J'ai toujours fait les exercices de sécurité préventifs en cas de cyclone ou d'attaque à main armée mais je me suis toujours senti détaché. Je répétais les procédures comme un mécanisme, gardant en tête que ça ne servirait jamais. Si j'avais su, si seulement j'avais su ce matin là, je n'aurais pas dit au revoir à mes parents de la même façon, je n'aurais pas agis pareille.

Lorsque j'ai fermé mon casier, j'ai vu apparaître le visage de Thomas et je ne savais pas depuis combien il campait à côté de moi mais je me sentais immédiatement tendu. Sa sale petite gueule de mec populaire, capitaine de l'équipe de basket, futur lauréat d'une bourse d'étude en sport, intelligent si l'on en croyait ses notes en chimie et plutôt cultivé d'après le prof de littérature. Mais absolument détestable. Du moins avec moi. Thomas est le genre de mec que tout le monde regarde lorsqu'il traverse les couloirs, que les filles viennent embrasser sur la joue pour une raison valable ou non. Et qui me harcèle depuis des mois maintenant. Officiellement c'est parce que je lui ai volé un baiser sans consentement lors d'une soirée chez Brenda. Officieusement, on s'est embrassés, quelqu'un nous a vu, il a dit à tout le monde que ça venait de moi pour ne pas perdre la face. Mais la vérité est que Thomas est aussi gay que Lil Nas X mais qu'il cache son jeu et m'a désigné comme bouc émissaire. Je sais ce que vous vous dites, moi aussi je pensais que le harcèlement pour la sexualité était révolue mais visiblement des petits cons comme Thomas sont là pour nous ramener à la réalité et nous faire réaliser que nous sommes encore dans un monde où être homo ça veut dire pêcher, se faire tabasser par son père, devoir fuguer, vivre dans des foyers et se faire émanciper avant ses 21 ans. Je sais, je donne des détails précis mais je crois que c'est le genre de destiné qui attend Thomas vu l'homophobie dont fait preuve son père. Bref, je ne le déteste pas pour toutes ces raisons, je le déteste car il a été mon premier baiser et pour moi c'était important. Il a été le premier qui m'a fait ressentir quelque chose et aujourd'hui il était simplement mon bourreau.

Thomas attend à côté moi, le moindre faux pas, la moindre source d'oxygène que j'oserais prendre en trop à côté de lui, le mépris que j'aurais le malheur de lui adresser une seconde de trop et hop, il a une excuse, selon lui, pour claquer mon casier en manquant de m'éclater le visage par la même occasion, me bousculer en passant et me jeter son trognon de pomme dessus comme si j'étais une poubelle. Et moi je me sens sali et je ne sais pas comment j'ai pu apprécier l'embrasser, ni qu'on se tourne autour. Je sais que certains de ses amis le reprennent, mais ce n'est pas le cas de Teresa qui m'enjambe comme si j'étais une vulgaire branche sur son chemin et alors que je vois des regards moqueur autour de moi, je rêve durant quelques secondes d 'être une branche.

Newtmas OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant