Mathis

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— Baby...

— Qu'est-ce que tu veux ? dit-il, sec.

Ce désintérêt total face à mon torse nu et mon mini short spécial booty me dépasse, il adore voir mes fesses emballées dans cette petite chose affriolante. René fait la cuisine sans un regard pour moi. Depuis l'intervention d'Axel la dernière fois, il ne me parle plus, ne n'embrasse plus et surtout ne me fait plus mon petit dej au réveil. Il veut que mon frère s'en aille sur le champs, mais je ne peux pas faire ça, pas pour l'instant en tout cas. Nous avons eu une grosse dispute cette nuit-là, ça promet pour les réconciliations.

D'habitude, après une grosse colère il aime être câliné, cependant il me rejette depuis et ça me frustre ! Je veux l'amour de mon homme ! Ça fait juste cinq jours, mais j'ai envie de tout casser !

— Regarde moi au-moins !

Il goutte sa sauce avec appréciation. Il est mignon quand il est en tablier. Je me glisse derrière lui en le serrant très fort dans mes bras, son parfum naturel est exquis, brut et fort comme j'aime.

— Tu vas me faire la tête encore longtemps ?

— Tu me déconcentres.

Je boude en faisant des bruits de bébé blessé.

— Ce n'est pas en étant immature que tu vas m'attendrir.

— Tu es dur avec moi, chéri. Je fais des efforts là, tu ne vois pas ?

Il dépose sa louche, puis se retourne pour me faire face.

— Mets le dehors ou c'est moi qui m'y colle.

Ben voyons.

— C'est quoi le souci ? Est-ce parce que le nouveau locataire arrive demain ? Il ne fait de mal à personne. Son seul crime est d'être bête.

— Bête, homophobe et squatteur, il laisse la maison en désordre dès que nous avons le dos tourné et tu sais très bien que je ne supporte pas ça. Tu vas encore te voiler les yeux jusqu'à quand ? Axel est irrécupérable.

Il va vers le frigo.

— Tu ne le comprends pas comme moi. J'ai discuté avec lui, je sais qu'au fond il a besoin d'être mieux guidé, il a peur et c'est normal. Quel homme ou quelle femme sauterait tout de suite sur la conclusion que les personnes de même sexe les attirent sans avoir un doute ou tout simplement rejeter l'idée ? Axel réagit comme tel et c'est à nous, ses aînés, de lui montrer la voie pour qu'il arrête de se sentir coupable. Il a si peur que son seul moyen de gérer la situation est d'être encore plus agressif envers nous.

Mon mari remet le dessert au frigo après vérification de sa fermeté, puis il ôte son tablier. Je suppose que le dîner est prêt. Je le suis jusqu'au salon où il se laisse choir dans le canapé. Je prends place à califourchon sur lui, c'est ma place préférée de toute la maison. Je capture ses lèvres en espérant qu'il se laisse aller docilement.

— Tu dis tout ça parce que tu vois une porte de sortie à travers lui, me jette-t-il au visage.

Étonné, je fronce les sourcils.

— Je ne comprends pas.

— Depuis la réaction de tes parents avant notre mariage, je sens que tu n'es pas tout à fait comblé. Tu fais semblant, mais ça se voit comme un nez au milieu de la figure. Belle-maman qui n'arrête pas de laisser des messages pour te demander de revoir ta position par rapport à nous et ta sexualité, beau-papa qui nous fait son cirque sur qui fourre qui, et enfin le reste de ta famille qui n'a pas assisté à notre mariage, tu le digères mal. Tu penses que si Axel est vraiment gay ça te donnerait plus de légitimité au sein de ta famille, ce qui est faux tu le sais. Tu n'en n'as pas besoin pour te faire accepter des tiens, tu vaux bien mieux que ça.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant