René

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— Merci, madame.

— Je suis sûr qu'il adorera, me soutient la fleuriste.

Je remonte la rue en courant. Les passants s'offusquent à mon passage.

— Désolé, je suis pressé !

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de mon chéri, j'ai hâte de le retrouver. Je suis loin de lui depuis trois jours, mon père avait besoin de moi urgemment. J'ai décidé de prendre le train un jour plus tôt pour lui faire la surprise. Il semblait triste le jour de mon départ, j'imagine sa joie quand il ouvrira son cadeau. Avant d'arriver à l'immeuble, je m'arrête dans un café pour lui prendre des viennoiseries, il en raffole. Je veux le gâter.

Devant la porte, je tiens fermement le bouquet de fleurs d'une main et ses gourmandises de l'autre. C'est bon. Je sonne trois fois, maintenant mon sourire radieux pour lui. Je recommence pour qu'il se presse, finalement j'entends le loquet. La porte s'ouvre sur mon bébé encore dans les vaps qui se gratte le ventre. Ses cheveux en pagailles, son grand tee-shirt un peu vieillot qui découvre une épaule et son jogging des jours fériés, il est sexy.

— Bon anniversaire, mon amour !

Après quelques secondes où il finit par réaliser que je suis bien en face de lui, il fait une mimique de surprise exagérée. Sa tête m'arrache un sourire. J'attends qu'il se jette dans mes bras...

Mais il me claque la porte au nez.

...euh...

...okay.

Je suis déstabilisé là.

Immobilisé, je n'arrive pas à ordonner mes idées. J'étais face à mon mari, que je n'ai pas vu quelques jours, mais ce dernier me ferme la porte sur le visage ?

C'est une caméra cachée ?

Je teste la poignet de porte, elle ne cède pas, il s'est enfermé à l'intérieur.

...okay.

Ce n'est pas le genre de scénario que je vois souvent dans les films, n'est-ce pas ? Il n'est sûrement pas entrain de cacher un amant sous notre toit, n'est-ce pas ? Il ne doit sûrement pas être entrain de nettoyer les preuves de son adultère, n'est-ce pas ?

— Il m'aime trop pour ça, me rassuré-je avec le sourire.

...mouais.

Ce n'était que trois malheureux jours.

Je suis son petit loup d'amour.

...mouais.

Je jette tout à terre et me mets à frapper la porte brutalement.

— OUVRE CETTE PORTE, MATHIS !

JE VAIS FAIRE LA PEAU À CE MEC ! ON NE TOUCHE PAS À MON MARI ! ILS SONT TOUS MORTS !

— MATHIS !

Je donne des attaques de pieds violents. J'entends des voisins se plaindre en bas, rien à battre ! Ce n'est pas eux qu'on cocufie ! Dans un dernier essaie pour briser la porte avec mon épaule, elle s'ouvre d'elle même et je me casse la gueule sur le parquet.

— Pourquoi tu frappes la porte ? Tu sais très bien qu'elle est solide. Tu voulais te déboiter l'épaule ?

Sans tenir compte de mon nez douloureux et des ses remarques, je me lance dans une fouille rapide de tous les coins et recoins de la maison.

— OÙ IL EST ?

— Qui ?

— TON AMANT !

— Mon quoi ?

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant