Maxence

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Je suis un petit diable.

La musique douce en fond ne couvre pas mes dérives.

— Plus haut ! Oui ! Là ! Oh oui !

Des gémissements par ci par là, Axel ne sait plus où poser ses mains. Titiller sa patience est devenue mon jeu favori. Il s'affaire minutieusement sur mes jambes, il se débrouille assez bien. Je trouve qu'il est très hésitant, ça manque de piment.

— Plus fort, gémis-je.

Il arrête tout mouvement.

Je risque d'éclater de rire, il faut que je me contrôle.

— Tu es sûr ? bégaie-t-il. Je... je fais de mon mieux là.

— Sois ferme. Tu n'appuies pas assez fort.

— Comment ? panique-t-il.

En ce moment sa main gauche est sur ma cuisse et sa main droite sur ma cheville. Je gigote en l'incitant à le faire. Mon pauvre bleu presse ma chair avec un peu plus de teneur.

— OUI ! J'ADORE !

Il sursaute et lâche un juron.

Je pense que le diable nettoie déjà ma place en enfer. Qu'il fasse gaffe, je pourrais lui prendre son trône.

Axel mumure des paroles inaudibles. Curieux de connaître son état, je cherche désespérément à voir son visage sans avoir à me redresser. Je sors la tête de mon reposoir. Je serre la bouche pour ne pas rire, bientôt il aura la couleur de ses cheveux.

Ça ne fait que commencer.

— J'aime quand on me tient avec plus de vigueur.

— Je... J'ai compris, bafouille-t-il.

— Ça doit être très profond.

— Hein ? Quoi ? Tu as dit quoi ?

— Que ça doit être bon !

— Ah... okay, j'ai cru entendre quelque chose d'autre.

Il va me faire pisser de rire. Bien fait !

— Plus haut encore !

— Hein ?

— Axel, tu masses mes jambes depuis un bout de temps, mais tu n'as pas fait le haut des cuisses.

— Quoi ?

— Tu es sourd ?

— Tu parles du dessus, près de ton fessier ?

Je me redresse d'un air faussement agacé. Ses yeux hagards me donnent envie de le couver comme un bébé, mais je dois rester de marbre. Même si sa crise de jalousie avec les masseurs m'a séduite, il a encore du boulot devant lui ! Voir ce côté possessif m'a tellement plu, et cette vivacité lorsqu'il m'a embrassé dès je l'ai mis au défi, je trouve cette part de lui terriblement séduisante. J'ai l'habitude d'avoir une attitude chevaleresque envers lui parce qu'il se voûte derrière ses capuches et ses cheveux, lui donnant cet air timide qui me fait craquer. N'empêche, ça me secoue toujours lorsqu'il prend les devants, c'est trop sexy tout ça ! Il n'a pas l'air de réaliser que c'est justement cette dualité que je veux.

Cependant, je sais qu'il a l'habitude que tout lui soit plus facile à comprendre sans qu'il ait à faire des efforts, mais une relation a parfois des codes. J'ai mes codes. Autant je prends la peine de déchiffrer ses attentes et ses peurs, il doit aussi le faire dans l'autre sens.

Je sais que ça va se faire avec le temps, mais avec son départ tout sera ralenti.

Super, je viens de me courroucer tout seul. J'avais réussi à oublier ce voyage, voilà que ça me donne des claques.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant