Mathis

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Assis dans un Fast-food sur le chemin du retour, mon regard ne quitte pas mon frère des yeux. Devant sa soudaine réaction de tout à l'heure, je veux comprendre. Je veux être sûr que je ne fais pas erreur en croyant qu'il a réellement pris conscience de son comportement vis-à-vis de nous. René lui jette son air suspicieux car il n'est pas convaincu de son attitude, mais qui pourrait l'en vouloir ? Axel et moi n'avons pas été d'une grande aide. Il porte son café aux lèvres, il doit être aussi impatient que moi, Axel cherche ses mots et ça prend du temps.

— Bien, souffle-t-il.

Ah, il est prêt ?

Il finit par croiser nos yeux interrogateurs.

— Je sais que vous préféreriez être chez vous à l'instant.

— Je ne te le fais pas dire, peste mon mari.

Je pose ma main sur sa cuisse pour le calmer. D'un air farouche, il m'évite du regard. Je soupire.

— Va droit au but, Axel, dis-je.

Il acquiesce.

— Je suis désolé d'avoir été aussi méchant et inconsidéré envers vous, j'ai enfin compris mon erreur.

Hum.

— J'ai entendu ça la première fois, mais comment en es-tu arrivé à cette conclusion ? C'est ça que je veux savoir.

À sa façon de fixer sa boisson, j'imagine que ce n'est pas aussi simple que je le pense. Cela fait trois mois que nous l'avons mis à la porte, et la dernière fois que nous l'avons aperçu il ne me semblait pas différent ou quoi que ce soit. Il cache ses mains dans les poches de son pull.

— Quand je suis retourné au campus universitaire après être parti de chez vous, je me disais que tout était comme avant. Que je n'avais pas besoin de vous et que rien n'a changé dans ma vie. J'ai repris les choses où je les avais laissé.

René soupire en s'adossant à son siège, il fait mine de s'ennuyer. Il fait tout pour que mon frère se sente mal, ce dernier se renferme encore plus à cause de ça. D'un regard averti, je le pince sous la table, il se redresse de suite. On ne se dit rien, mais nos visages grimaçants en disent long sur ce que nous faisons : Une bataille de mains. Je suis sur le point de gagner, mais René prend le dessus en me pinçant.

Aïe !

— Plus de sexe pour toi, déclaré-je.

— Hein ? Tu as commencé !

— Tu as gagné à la déloyale. C'était un coup bas.

— Bien, alors ne viens pas me faire la danse du ventre quand tu seras en manque, je grève aussi !

On boude chacun de son côté.

Un raclement de gorge attire notre attention.

— Euh... vous êtes encore avec moi ?

Ah oui, je l'avais oublié. Je rougis d'embarras en toussant. Mon mari ricane, victorieux.

— Vas-y, je suis désolé. Prends ça comme une minute pub, tenté-je de me défendre.

Axel nous juge. Et je suis censé être l'aîné, bon sang.

— Mouais... minute pub, grimace-t-il. Je disais que les choses allaient bien pour moi... avant que j'aille à la dernière soirée avec mes amis.

René et moi échangeons un regard curieux.

— Je te raconte depuis le début.

Mes potes m'ont sorti du lit pour venir ici, mais je n'ai pas vraiment le moral à ça. Mon propre frère m'a trahi pour un mec qui le suce, c'est déguelasse ! Maman avait raison, ce mariage va diviser notre famille et Mathis va nous quitter pour de bon. Je suis dégoûté !

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant