Indécis, planté devant le bungalow des Marron, je ne sais pas du tout où aller. C'est le matin et j'ai une faim de loup, j'ai dormi l'estomac vide à cause de toutes les péripéties de la veille. René m'a prêté ses vêtements après ma douche, puis il est sorti pour aller voir Mathis et Axel. Je suis déboussolé car je ne sais pas si je peux faire de même. Axel n'a pas envie de me parler, il est persuadé que je suis complice de ce qui s'est passé. Ça me fatigue.
Je marche à l'aveugle. En guettant vers la plage, je constate qu'il n'y a plus aucune trace de notre passage. Sûrement personne n'est resté là-bas cette nuit. Mes pas sont lents. Je me dirige vers la cuisine, j'ai beaucoup trop faim. À ma très grande surprise presque tout le groupe est autour de la table. Ils ont des mines inertes et ne se disent rien, c'est gênant.
Je remarque que toutes filles sont absentes, ça ne me dit rien qui vaille. Mon ventre grogne, pas le temps d'observer. D'un pas alerte, je m'approche de mes aînés.
— Bonjour, les gars.
Ils se tournent en vitesse vers moi, on dirait qu'ils sont surpris de me voir. Certains comme Nicolas et Hugo ont des cernes immenses, Jeff par contre est endormi sur la table. Erwan se massait la tête, Shen manipulait son téléphone, Sam travaillait sur son ordi et Stéphane est juste là à lui tenir compagnie. Je ne sais pas quoi leur dire, je continue juste mon chemin à la petite kitchenette où une sublime odeur de pancakes me parvient depuis la fenêtre. Serait-ce les filles ?
J'accélère en espérant qu'elles accepteront que j'en pique une ou deux. Je crois que je vais m'évanouir si je n'avale pas un truc. Ma joie s'éteint quand je trouve Alban derrière les fourneaux. Ce dernier me remarque très vite, puis toutes les chamailleries de la veille me reviennent, je ne suis pas d'humeur à le voir. Je me retourne pour m'en aller.
— Tu as intérêt à rejoindre les autres, je viens, dit-il.
Bien qu'ébahi, je me ressaisis très vite.
— Non, merci je vais mang... AÏE !
Il vient de me claquer l'arrière de la tête et me menace avec une poêle chaude.
— C'est un ordre ! Vas t'asseoir, j'arrive ! Et ne me provoque plus jamais comme ça.
Mais je rêve ! Il s'y croit vraiment. Je ne vais pas le faire !
— Si tu essaies de faire ce que tu penses, me menace-t-il, personne ne m'empêchera de te laminer.
Il est fou ou quoi ? Son regard glacial me dit oui. Bien, je vais obéir, mais juste pour savoir ce qu'il me veut. Je retourne à table et prends place sur mon coin habituel. Les autres gars me jettent des regards interrogateurs, mais je préfère me concentrer sur mon portable presqu'entièrement déchargé. Au bout d'une dizaine de minutes, un plat apparait sous mes yeux. C'est une tour de pancakes dont le fumet succulent affole mes papilles. Alban rajoute le liquide ambrée du sirop d'érable qui me rend complètement gaga au-dessus. Puis comme pour m'achever, il pose à côté un tout petit bol de fraises recouvert de chantilly. Je suis aux anges.
— Tu as intérêt à les terminer.
Il repart aussi vite qu'il est arrivé, ça me sidère. Je ne sais pas ce qui se passe.
— C'est sa façon à lui de te demander pardon.
La voix de Jeff m'interpelle, il se redresse en baillant. Il était déjà éveillé.
— Quand il sait qu'il a tort pour quelque chose, il fait toujours à manger, me confie-t-il. Il a passé la nuit à faire la pâte après que nous ayons discuté. Il a pris conscience de ton discours que très tard, comme nous tous d'ailleurs.
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Les Marron : Ménage à quatre
RomanceMathis et René Marron, la vingtaine chacun, sont fous l'un de l'autre. Mariés depuis peu, ils espèrent une lune de miel d'au-moins vingt ans. Malheureusement, Axel, le petit frère homophobe de Mathis, leur annonce de but en blanc, bagages en main, q...