Maxence

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En équilibre précaire sur ma planche, les vagues m'emportent une énième fois au rivage. Je me débrouille un peu mieux cette fois. Bien-sûr la gravité et ma combinaison toute mouillée favorisent ma petite chute. Je sors la tête de l'eau aussi vite que possible en rigolant. Les vacances commencent bien.

— Bien débrouiller, Max ! me félicite Mathis.

À califourchon, sur sa planche rouge il lève son pouce droit pour moi. Les cheveux mouillés lui vont si bien. C'est mon moniteur personnel, il a vu que j'étais un peu gêné d'apprendre avec les plus jeunes quand j'étais avec B. Il m'a sorti de là en me promettant de bien m'entraîner et de ne jamais se moquer.

— Les vents deviennent trop forts pour toi qui est novice. Sortons et laissons les plus doués, tu es d'accord ?

Je n'entends pas bien, mais je devine à sa façon de pointer les plages qu'il propose de sortir. Il est obligé de hausser le ton, je porte des bouchons d'oreilles que René m'a offert quand il a remarqué que j'en avais pas. Quand nous sortons enfin de là, je me retourne pour voir les autres.

René surf avec dextérité, il est classe ! Lui et Alban font des figures impressionnantes, on dirait des pro. Je commence à me dire que le mari de mon futur beau-frère sait tout faire. Je suis un peu désolé de confisquer Mathis de cette façon, il est obligé de perdre son temps ici au lieu de s'amuser avec eux. Nous plantons nos planches dans le sol, puis nous retirons les bouchons. Je ne savais pas que je le dirai, mais voir Mathis dans cette combinaison, il n'a pas à dire il est bien gaulé.

Et je ne regarde pas que le haut.

— Tu ne les rejoins pas ?

— Non, ce n'est pas grave. On cherchera la vague tous ensemble la prochaine fois.

— Tu es sûr ? Même Kelly et Erwan ont l'air de prendre leurs pieds.

Les amoureux ne font pas des folies mais ils sont plus doués que moi, ça me désole.

— Non, c'est bon pour moi. J'ai un creux. Tu pourrais aller chercher nos serviettes ?

— Oui.

Pendant qu'il abaisse sa fermeture, je me précipite vers Axel. Mon rouquin est venu avec nous, pour je ne sais quelle raison étrange, pourtant il m'a dit au levé du lit qu'il n'avait pas envie d'être vu avec nous, surtout moi. Sa phrase a blessé mon amour propre, il se prend vraiment pour un prince. Seulement, ça ne fonctionne plus. Il a avoué qu'il me trouvait canon, impossible d'effacer cela.

Il ne me connait pas.

Je cherche nos serviettes dans nos sacs respectifs. Il ne m'adresse pas la parole, moi non plus. J'ai l'habitude de briser le silence chaque fois, mais je ne veux plus marcher à son rythme, il va bouger au mien. Si Axel veut se trouver, pas de soucis, mais il le fera sous certaines de mes conditions.

Je fais exprès de rester un peu plus longtemps, histoire qu'il continue de me regarder de côté comme il le fait en ce moment. Il est mignon. Mathis m'a conseillé ce matin de feindre l'ignorance au début, histoire de voir ce que ça pourrait donner sur lui, je suis doué pour ça.

— Max ?

La voix de mon aîné me rappel à l'ordre. C'est à grand pas que je le rejoins.

— Alors ?

— Rien, toujours aussi silencieux.

Il roule des yeux.

— Ne t'en fais pas, il va s'en mordre les doigts.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant