Axel

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Assis entre Stéphane, si c'est bien son prénom, et Shen, celui qui pose trop de questions inutiles, je garde mes distances du blond qui discute avec Nicolas à l'autre bout de la table, ainsi que de ce beau-frère agressif de l'autre côté,  qui n'arrête pas de chuchoter des mots à l'oreille de mon frère. Mathis n'arrête pas de rougir, parfois ses mains disparaissent sous la table puis il a l'air de souffler longuement. René a l'air satisfait, pourtant il pourrait être souffrant. C'est peut-être le décalage horaire.

— Le repas est prêt !

Ils applaudissent tous quand Claire, Kelly et Sam reviennent avec le repas du soir. René a négocié pour que nous ayons un accès cuisine équipée que ses cousins ne destinent qu'aux familles nombreuses. D'après ce que j'aie compris ça revient moins chère de cuisiner soi-même. Il a donné un petit acompte et c'est décomplexé que les cordons bleus du groupe peuvent démontrer leur talent culinaire.

Je suis nul, j'assume.

Seulement, pour notre première nuit, nous mangeons des commandes du restaurant, histoire de découvrir les plats typiques du pays. Ce trip me fait penser à nos vacances en Irlande chez ma grand-mère maternelle, je devrais l'appeler plus souvent.

— C'est quoi ça ? demande Maxence.

Il pointe un plat, on dirait des frites, c'est stupide de poser cette question.

— Ce sont des bâtonnets de crabe.

Ah ?

— Du crabe ? Sérieux ? Je croyais que c'était des frites, dis-je sans réfléchir.

Elle rigole.

— Tu vas rire, mais ce plat ne contient pas de crabe, mais toutes sortes d’autres chair de poisson blanc, pulvérisée et façonnée pour ressembler à une patte de crabe.

— Vous nous vendez du rêve puis nous servez du simple poisson ? s'indigne Alban.

Son copain demande pardon à sa place, ce gars n'a aucun frein. Il dit toujours tout haut ce qui lui passe par la tête. Les amis de mon frère sont lourds.

— Quand tu goûteras, tu aimeras, défend René. C'est délicieux, encore plus savoureux lorsqu’ils sont frits. Ça déchire.

— Ah ouais ?

Alban plonge sa cuillère et en choppe deux qu'il mange d'un coup. Attentifs, nous l'observons, comme s'il était un grand critique gastronomique qui doit nous confirmer que ce plat est mangeable. Au bout de quelques secondes interminables, il finit de machouiller. Nous sommes pendus à ses lèvres pourtant ce dadet se fait désirer !

PARLE !

— Je m'excuse, A, c'est hyper bon.

Putain, nous soufflons tous. Le soulagement est général et comme un coup d'envoi, tout le monde veut en manger... mais moi je les laisse se ridiculiser. Je dois paraître plus mature qu'eux, ils sont parfois embarrassants. Je me sers plus tard. Elle continue en nous présentant le second plat du « chicken parma ». Bon ça se voit que c'est du poulet cette fois. C'est une escalope de poulet, garnie de jambon, de sauce Napoli et d’une tranche de fromage fondu. C'est accompagné de frites. Elle dit que vu notre un long voyage, c'est préférable de manger léger pour bien dormir cette nuit. Au dessert, ils ont prévu des gâteaux très consommés ici, des Lamingtons.

Ses cousins se joignent à nous pour cette soirée, mais ils disent qu'ils sont souvent très occupés. Le garçon, B je crois, demande si certains parmi nous aime le surf. Mathis lève le doigt assez rapidement.

Toujours doué en quelque chose que je ne sache faire.

Un peu démoralisé, je baisse la tête dans mon assiette vide. Il est meilleur que moi en général.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant