Mathis

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— Non.

— S'il te plaît, Frérot.

Je manque de lui arracher l'orteil avec l'aspirateur.

— Tu n'es pas sourd, Axel. Je ne peux pas faire ce que tu me demandes. Va récurer les toilettes si tu ne veux pas finir avec une marque de poêle sur la tête.

— Je te promets que papa ne sera pas là. J'ai demandé.

— Ça ne change rien. Si Maman veut me voir, qu'elle se déplace. J'en ai marre qu'elle m'attaque toujours sur le cas de mon mari chaque fois qu'on se voit. Vas-y sans moi.

— Et le cadeau que tu lui as acheté ? Comment tu comptes lui donner ?

— C'est René qui m'y a obligé. Je vais te le donner et tu vas le lui remettre. C'est tout. Si ça te dérange, je l'expédie par la poste.

Il soupire.

Je continue mon chemin. C'est le grand ménage. Nous nous affairons à faire plaisir à mon despote d'amour qui ne supporte pas la saleté. Il s'est absenté pour la lessive, il est en bas de l'immeuble. Maxence fait les vitres, il est hors d'écoute car il est à la véranda. Mon frère et moi parlons des vacances de famille que mon père organise quand il est disponible. Cette année la destination est le foyer maternel, et cette année je ne ferais pas plaisir à ma mère ! Si je dois aller voir grand-mère ce sera parce que j'en ai envie, je ne prendrai pas l'avion avec eux. Axel veut juste que je l'accompagne pour aller les visiter, mais je sais que ma mère va faire sa manipulatrice.

Elle a une dent contre René, donc contre moi. Je fais de concession !

— Tu veux que ce soit à moi de leur annoncer que tu ne veux pas y aller ? C'est impossible !

— Ne t'en fais pas. Mam va grommeler puis ça va lui passer. Son mari va juste se rappeler à quel point je suis inutile. J'ai mieux à faire.

Elle a son foyer, j'ai le mien. Chacun sa bulle. Voir mes parents ne fait pas partie de mes priorités, j'ai ma propre famille à présent.

— Je compte leur annoncer pour ma décision quand nous serons avec grand-mère. Ça m'aurait encore plus motivé si tu étais là. Je sais que c'est très dur pour toi et que tu as beaucoup de boulots, mais ton soutien compte. Je me sentirais bien plus fort avec toi.

— J'aimerai te dire ce que tu veux attendre, Ax, mais ça n'arrivera pas. Que papa me rabaisse est une chose, mais qu'il ou elle dise du mal de René, c'est un autre souci. Je ne veux rien te promettre alors que je suis dérangé à l'idée d'être en leur présence.

Il baisse la tête, ravagé par mes dires. Il devinait que je refuserais, ce n'est pas contre lui. Je reviens d'un long voyage, en faire un second directement est une perte de temps.

— Tu pourrais réfléchir un peu et me donner un réponse plus tard ?

— J'ai terminé ! Annonce joyeusement Max.

Son interruption sonne le glas de cette conversation.

— Super ! Je pense que nous avons presque terminé, dis-je. Il faut attendre que René remonte pour les vérifications. Il est tatillon et risque de te dire de reprendre.

— Je vois ça, rit-il. On dirait ma sœur Annabelle. Elle est une maniaque de la propreté.

— En parlant de ta sœur, quand est-ce que nous les rencontrons ? Tu as déjà parlé de tes sœurs, mais jamais tu ne les as invités ici. Ça ne nous dérange pas.

Étonné qu'il mette du temps à me répondre, je lève les yeux de l'aspirateur.

— Un souci ?

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant