Les Marron : Ménage à quatre

Mathis

— Tous les compteurs sont à zéro. Vous vous souvenez que cette partie joue sur le chronomètre, chers candidats. Vous devez cumuler le moins de temps possible durant les cinq épreuves pour être en tête de liste et faire partie des Quatre teams qui iront en finale ! annonce René.

Ils acquiescent, déterminés. Ici on s'en fout du premier ou du dernier, moins de temps, plus de chance d'être qualifié, point. Un système juste.

— L'épreuve que vous allez affronter s'intitule «Confiance aveugle».

Vu la surprise qui illumine leurs visages, ils ont hâte d'en savoir plus. Il me passe la parole.

— Les petits foulards noirs que Kelly a dans les mains vous sont destinés.

Elle leur partage un foulard par couple.

— Le principe est simple. Vous allez discuter pour savoir lequel de vous deux portera le foulard aux yeux. Cette personne sera guidée par son partenaire à travers un labyrinthe avec plusieurs pièges. Je vous rassure que je pensais à une bombe, mais René a dit qu'on avait pas le budget pour, dis-je sérieusement.

Ils paniquent. Quoi ? Ça aurait été plus délirant.

— Au lieu de ça vous aurez des alarmes sonores qui se déclencheront chaque fois que vous tomberez sur une bombe ou sur un serpent venimeux. Ces pièges sont placés sur les mauvaises routes, si vous les croisez on rajoute trente secondes à votre temps.

Ils murmurent entre eux, indécis face à cette règle très désavantageuse.

— Donc votre partenaire sera votre unique moyen de sortir du labyrinthe sans enfoncer la team et surtout vous faire sortir en moins de trois minutes. Bref, tout repose sur lui ou elle.

Ils sont déboussolés, ce n'est pas bon signe : Ils ne se font pas entièrement confiance.

Je rends la parole à mon homme qui me fait son sourire carnassier. Il a conçu quatre des épreuves de cette partie dont celle-ci, il prend un malin plaisir à voir le doute qui les ronge en cet instant.

Mon bébé sadique.

— Ce n'est pas avec Erwan qu'on aurait réussi, il ne connaît ni sa gauche, ni sa droite, crache-t-elle.

Offusqué, ce dernier lâche un rire sarcastique. Ils vont me donner un mal de tête, je le sens.

— Vous avez des questions ?

Maxence lève la main.

— Qu'arrive-t-il si on arrive pas à sortir avant le temps imparti ?

— Bonne question. Non seulement vous perdez, mais vous aurez vingt secondes de plus rajouté au minuteur de la prochaine épreuve.

Encore plus secoués, chaque couple se fixe avec appréhension. Mon homme ne badine pas quand il veut rajouter du stress.

— Kelly va vous remettre une oreillette chacun que «l'aveugle» portera. À partir du casque que Mathis a dans les mains, l'autre personne pourra lui parler avec facilité. Retournez-vous.

Ils sont amusés par notre installation. Les employés de l'hôtel ont utilisé des panneaux de bois contreplaqué très hauts et épais pour créer le schéma qu'on leur avait indiqué. Ils l'ont réussi, nous en sommes fiers.

Rira bien qui rira le dernier.

— Comment on va faire pour guider si on ne voit rien ? demande Claire.

Je montre la tablette que j'ai dans les mains, où le schéma du labyrinthe est affiché.

— Avec ça, me vanté-je. Chaque oreillette a une puce de couleur rouge. Quand l'aveugle avancera, celui ou celle qui guide le verra sans problème. Pour corser, on a pas mis les signes où les pièges sont installés, seul René et moi le sauront. La balle est dans votre camp.