Mathis

581 101 71
                                    

— Mathis, il ne va pas te bondir dessus.

— Qu'est-ce que tu en sais ? Et s'il saute et se venge sur ma figure ? Je suis allergique ! dis-je.

— Depuis quoi ? Cinq minutes ? Dois-je te rappeler pourquoi nous sommes devant la vitrine d'une animalerie ? me demande Kelly.

Je soupire en me remémorant ma bourde. J'ai tué le poisson rouge de la fille de notre voisine, mais je ne l'ai pas fait exprès ! Pour ma défense j'étais shooté à la caféine, mon nouveau roman me bouffe les neurones. C'est Maxence qui a remarqué que le bocal était «étrange» au bout de trois jours, le poisson est mort de famine. La pauvre petite rentre de congés avec ses parents samedi, elle doit absolument retrouver son poisson sinon je vais me trimballer une réputation de merde dans toute l'immeuble. Bien-sûr mon très cher et valeureux mari m'a dit de me démerder tout seul car, je cite : «Je t'avais dis de ne pas l'accepter».

N'importe quoi !

Ma brunette et moi pénétrons dans l'antre des animaux du «sacrifice», c'est glauque dit comme ça mais c'est ainsi que me mère les appelle. Elle n'a jamais voulu que j'aie un animal, pas étonnant que je laisse mourir une bête innocente.

L'animalier se montre chaleureux en nous présentant des poissons. Je sors la photo mortuaire de «Gigi» en espérant trouver une ressemblance. Le vendeur ricane en voyant l'image, il fait une remarque acerbe sur les enfants très négligeants avec leurs animaux. Je ne suis même pas en position de lui crier dessus.

— C'est mon petit frère, un accident... Vous savez quoi, menté-je.

— Wow, un accident ? Ça arrive beaucoup avec les enfants de nos jours, votre frère n'y verra que du feu, mais vous devriez le surveiller à l'avenir. Nous ne sommes jamais à l'abris avec eux.

Kelly se tord de rire pendant que je règle la facture, mort de honte.

Sur le chemin de retour, elle n'arrête pas de me taquiner.

— Arrêtes, c'est passé.

— Ne fais pas ton boudeur, j'ai trouvé ça amusant. Jeter la faute à ton petit frère, Axel adorerait.

— Tu te crois drôle ?

Elle me fait la bise pour me calmer, elle a intérêt.

— C'est moi ou René déteint sur toi.

— Comment ça ?

— Eh ben, tu deviens de plus en plus ronchon. Tu te prends trop au sérieux, ça ce n'est pas le Mathis que je connais.

— De quoi tu parles ? Je suis toujours le même.

— C'est toi qui le dis. Erwan et moi pensons que peut-être le fait de vivre ensemble doit avoir affecté ta personnalité. Ton humour n'est plus du tout le même et connaissant ce côté autoritaire de René... Je peux comprendre que tu ne puisses plus faire ce qui te chante. Vous vous aimez, mais peut-être que vous avez franchi le pas trop tôt.

Je me stoppe sur le champs. Elle essaie de me dire que je me laisse contrôler par mon mari ? Sérieux ?

— Je pensais que ce débat sur René était clos ? m'énervé-je. Ça devient n'importe quoi avec vous. Il n'a rien d'un homme autoritaire ou austère comme vous le décrivez, si c'est exactement ce que vous pensez de lui alors vous ne le connaissez pas du tout ! Tu m'as déjà entendu critiqué Erwan ? Pourtant, dieu seul sait à quel point ses grands airs et son humour de papy me saoulent, alors garde tes remarques pour toi.

Elle est choquée, elle l'a bien cherchée.

— Si tu veux bien m'excuser, je fais le chemin seul, va retrouver ton mec.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant