— Ouvre la bouche, chuchoté-je.
Je glisse une crevette savoureuse dans la bouche de René, malicieux qu'il est il retient mes doitgs entre ses lèvres, rendant l'exercice romantique plus compliqué.
Intéressant.
Mon petit mari se montre adorable ce soir, je connais le coup, il a besoin d'attention, c'est pour cela qu'il est si collaboratif. De toute façon je compte bien prendre soin de lui cette nuit, j'ai très envie de lui arracher toute cette nuance dépressive. Je le préfère avec un zeste de couleurs dans ses chemises qui le rendent si chou. Il a l'air trop austère, ce qui renforce son côté vilain garçon, pourtant je sais que c'est un morceau de sucre, mon René. Nous sommes planqués derrière un grand rocher, à la plage. Nous avons suivi les deux tourtereaux jusqu'ici parce que Sam a refusé de le suivre à l'hôtel, il veut des explications avant de se retrouver à nouveau dans une pièce seule avec lui.
J'aurais fait de même.
Avant de pouvoir continuer tout le drame à la sauce novelas, j'ai filé nous prendre un casse croute au resto en guise de pop corn face au spectacle. On aime Sam, mais nous avons faim.
Stéphane et lui ne sont qu'à quelques mètres de nous, il faut espérer qu'ils ne remarquent pas notre présence. Assis sur des rochers, yeux dans les yeux, je trouve que cette scène est un beau tableau. Je prends une photo en mode furtif, une question d'archives.
Je me penche et embrasse mon bébé avec fougue. Hâte de rentrer pour qu'on puisse enfin retrouver notre intimité. Il le mérite pour sa patience avec nous, on l'a un peu cherché avec notre vacarme au bungalow.
Je me concentre sur eux quand j'entends la voix de Sam. René et moi les lorgnons en savourant les plats.
— Je t'écoute et j'exige toute la vérité.
L'aîné ramène ses cheveux en arrière par réflexe, avant de saisir la main de Sam qui parait nerveux. C'est normal. Avec le baiser et la déclaration d'amour, il ne sait plus à quel saint se fier, car on ne sait toujours pas ce qu'il se passe.
Mon pauvre.
Je rajoute de la bande adhésive de bâtiment au matériel pour pouvoir le bâillonner en s'assurant qu'en essayant de retirer une seule bande, il fait une épilation de chair. À ses risques et périls.
— Je voulais t'en parler au début, mais je ne savais jamais à quel moment le faire.
Hum.
— Je voulais tellement mieux te connaitre et mieux approfondir cette amitié grandissante, que j'ai fini par mettre cette information de côté pour ne pas gâcher ce qui naissait entre nous.
Sam récupère sa main.
— Tu m'as menti, c'est déjà trop.
Son vis-à-vis reste encore figé sur le fait que la main de celui-ci ne soit plus dans la sienne. Il soupire et continue.
— Je ne t'ai pas menti, Sam. Je suis toujours Stéphane Luíz Dominguez, célibataire et très amoureux de toi.
Lorsque notre ami détourne les yeux comme ça, c'est qu'il rougit. Mon mari roule les siennes et lance un fruit de mer dans sa bouche. C'est du cinéma grandeur nature, on aurait pu appeler les copains pour commenter.
— Tu dis ça alors que j'ai entendu toute ta petite conversation au téléphone avec ta femme.
— Femme ? Conversation ? Euh... Il n'y aurait pas méprise sur le sujet ? Peux-tu m'expliquer ?

VOUS LISEZ
Les Marron : Ménage à quatre
RomanceMathis et René Marron, la vingtaine chacun, sont fous l'un de l'autre. Mariés depuis peu, ils espèrent une lune de miel d'au-moins vingt ans. Malheureusement, Axel, le petit frère homophobe de Mathis, leur annonce de but en blanc, bagages en main, q...