Axel

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Recroquevillé et émitouflé dans la couverture, je ne bouge pas d'un pouce. J'ai des courbatures. La compétition est enfin fini. J'avais l'impression de faire des jeux olympiques à force de supporter tout ça. L'idée de sortir de la literie me donne des sueurs froides, je veux paresser. J'ai dormi avec mes vêtements de la veille, je sors mon portable de ma poche pour voir l'heure qu'il est, la luminosité me brûle la rétine, bon sang ! Le réveil est tardif, il est onze heures.

Juste onze heures ? J'imaginais quatorze, moi.

En essayant de changer de position, un obstacle m'empêche de me tourner à ma guise.

Je grogne en faufilant la main hors de mon cocon,  j'entre en contact avec le corps chaud d'un autre être vivant, juste derrière moi. Avec un effort surhumain, je sors la tête de ma carapace pour me rassurer que c'est la bonne personne. Maxence dort sur moi à point fermé, en petit short. J'étouffe mon rire sur l'oreiller.

Il a un peu de bave qui coule, pourtant il ne dort jamais la bouche ouverte. Il est très fatigué. Nous sommes venus nous couchés au petit matin, la fête a été très longue. Notre haleine pue, pas la peine de l'embrasser. Les trucs de films ne marche qu'à la télé. J'essuie le côté de son visage, mais ce dernier resserre son étreinte sur moi, bien qu'il y a cette barrière entre nous. Très mignon. Je profite encore de quelques minutes de répit à ses côtés. Je referme les yeux, le sourire aux lèvres.

Je me sens bien avec toi.

Lorsque je les ouvre quelques minutes plus tard, il est quinze heures !

C'est quoi ce binz !

Quand tu fais de même en cours ou en réunion de famille, ce n'est que trois minutes qui passent ! Je hais l'univers !

Maxence n'est pas réveillé, c'est inquiétant. Je vérifie sa température, elle est normale. Dois-je le réveiller ? Il fait la moue en bougeant dans son sommeil, son corps est sûrement aussi endoloris que le mien, c'est peut-être mieux qu'il se repose. Normalement je dois l'obliger à se badigeonner de crème pour faire disparaître les marques de l'épreuve d'élastique, mais je crois que ce repos est essentiel. On le fera plus tard. Il faut que je sorte. Je dois parler avec Mathis.

Je quitte le lit après une bise sur son nez. Douche rapide et hop là, je file à leur bungalow après avoir laissé un mot pour Max. J'ai de la chance de tomber sur René qui revient de plongée. Il est encore en combinaison. Ces derniers jours notre relation est moins tendue, j'ai moins de problème à lui parler. J'espère qu'il m'a pardonne pour tout ce que je lui ai fait.

— S'lut, René.

— Ah, bon après-midi, Axel Claude. Si c'est pour ton frère, il est du côté de la falaise plus à l'Ouest. Il est parti se promener.

Il ne me laisse pas en placer une, ça se voit qu'il ne veut rien avoir avec moi. Je le mérite.

Je le regarde se sécher. Toujours si réservé. Il n'a pas toujours été si froid qu'aujourd'hui, je me demande si c'est parce que lorsque j'étais petit il me traitait différemment, donc je ne voyais pas cette image de lui. Il fut un temps où je l'admirais beaucoup. Non seulement Max et lui passaient beaucoup de temps à la maison, mais en plus il trouvait souvent du temps pour moi, surtout lorsque mes parents étaient sur le dos de mon frère et que je n'avais personne avec qui jouer. On s'amusait avec les comics qu'il m'apportait, les jeux de réflexion que j'avais et lorsque je me disputais avec Mathis, il prenait toujours mon parti. J'adorais cette époque. Lorsque j'ai su dans quel collège il allait, je suis allé au même, puis à la même école privée, la même université où j'ai fait la même filière.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant