Maxence

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De retour à l'hôtel, nous sommes content de profiter des jours restants avec tout le groupe.

Avec Alban et Kelly, nous passons plus de temps à la cuisine. Ils ont des tas de recettes à m'appendre. Avec Sam, Jeff, Hugo, Nicolas, nous jouons au volley sur la plage. Avec Stéphane et René, j'aime les écouter discuter, ils s'entendent très bien malgré leurs divergences d'opinions sur certains sujets. Avec Mathis et Meï Lee derrière les platines, nous dansons comme des fous. Erwan et Shen me racontent leurs expériences avec les filles, des éternels maltraités apparemment. Je crois que Kelly le tuera en l'apprenant.  Avec Claire et les jumeaux, nous apprenons à nous occuper des animaux à la maternité. Je passe les meilleurs derniers jours de ma vie avec mon amoureux.

Ce soir nous faisons nos sacs.

— Tu as vu mon gant de toilette ? demande Axel.

— Tu as regardé dans ta trousse, Monsieur tatillon ?

Il vérifie, puis me remercie. Je referme mon sac et le dépose au pied du lit.

— Je n'arrive pas à croire qu'on rentre. Je veux vivre ici, dis-je.

— Si tu as de quoi t'installer, vas-y.

— Tu resterais avec moi ?

— Non.

— Connard.

Il sourit en classant ses chaussures.

— Axel, tu as une minute à m'accorder ?

— Vas-y.

Je m'asseois sur son lit.

— J'ai envie qu'on parle de ton voyage. Je veux dire, de ce que ça va impliquer.

Il cesse de bouger et me prête une oreille plus attentive.

— J'ai réfléchi ces derniers jours à ce qui s'est passé au centre. J'en suis venu à la conclusion que peut-être tu devrais te faire suivre durant ton séjour en Irlande.

— Pardon ?

C'est un sujet très sensible et ça demande de l'adresse pour en parler. Je lui demande de prendre place à mes côtés s'il le veut bien. Il s'exécute sans déposer sa chaussure qu'il a en main. Je fixe mes orteils en cherchant les mots adéquats pour entamer la conversation.

— Je pense que le fil conducteur qui te lie encore à tes préjugés n'est pas encore coupé. Certes nous avons franchi le pas, ce que je pensais insurmontable. Cependant je garde un goût amer des propos que tu as balancé sur tes croyances. Tu vas me dire que tu sais enfin qui tu es et tout ça, mais est-ce que tu serais prêt à te montrer avec moi dans les rues du pays ? Est-ce que tu serais prêt à défendre notre cause si jamais tu étais face à un préjudice affligé contre ta sexualité ? Serais-tu à même de tenir notre relation malgré la distance ? Non seulement ta famille est encore un très grand obstacle, mais tu as encore du mal avec le regard des autres. Je veux ton bien, Axel, c'est tout. Je te demande sûrement beaucoup, mais ma demande est basée sur les projets que je veux bâtir avec toi.

La cassure du mur de silence produite par le son de sa ranger qui percute le parquet m'angoisse. J'attends sa réponse religieusement.

— Tu penses que j'ai besoin d'un psy ?

C'est le moment.

— Oui. Ou quelqu'un qui y ressemble.

Je ne voulais pas attendre que nous soyons à la maison pour en parler. Ça passe ou ça casse.

— Je pense qu'un regard extérieur, plus neutre, te servira mieux que le mien. Je ne veux pas que mon amour pour toi et tes croyances encore biaisées fassent collision puis se transforme en doutes. J'ai été très attentif à tes dires et à chaque fois j'ai eu le sentiment que cette relation t'apportais certes un nouvel éclairage sur ta personne, je voyais aussi un nouveau questionnement sur le bien fondé de se mettre en couple avec un garçon. Tu m'aimes et tu acceptes enfin ton frère et ses amis, cependant je crois que l'équilibre est fragile.

Les Marron : Ménage à quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant